Mon moi à travers ma foi
L’origine demeure l’unique référence à laquelle, sont liés tous les mouvements de la réflexion. La pensée sentimentale sollicite l’expression par la mise en mouvement de la plume, pour composer sa symphonie à partir de l’authenticité, dans laquelle est emmagasinée cette énergie affective, qui éveille le sentiment en évoquant l’événement vécu.
Ainsi après mon passage au cimetière de Cheik el-haya oui (El-Kr abèche), dernière demeure de ma famille, où sont enterrés ma mère et ma sœur, après avoir récité le verset coranique de Yacine sur chacune des deux tombes, mon regard se perd dans cette prairie verte, qui semble renfermer mes précieux souvenirs. Ma pensée se dissout dans mes sentiments, emporté par l’émotion et l’affection, j’ai l’impression que chaque atome de cette terre sainte, voudrai me révéler une partie de moi, où la nature était toujours présente pour marquer le temps et situer l’âme sentimentale.
Je conserve encore les traces de cette innocence, pleine d’expression et d’énergie, à travers laquelle je me singularise par l’éducation reçue, qui est l’élément fondamental de la structure de cette pensée acquise.
Cette visite alternative à mon village natal, m’oblige à fouiller dans ma cervelle pour chercher les mots convenables qui m’échappaient, pour rendre hommage à cet endroit conservant mes racines et surtout les restes de mes parents. La pensée scientifique s’égare devant l’immatériel et le spirituel, et n’arrive pas à expliquer ni interpréter le phénomène sentimental.
En venant se recueillir au prés des tombes de ma mère celle de ma sœur, emporté par le sentiment, je succombe à mon émoi, scientifique et romantique en même temps, ma pensée se dégénère dans le recueillement, la méditation et l’affection en ces moments très particuliers, mais la nostalgie vient déranger cette pensée sentimentale gouvernée par la tristesse et la monotonie, ce qui propulse la plume à entrer en seine pour soutenir la vulnérabilité de cette âme pleine de vertu et de repentance.
Le portrait de mon moi se dessinait déjà depuis mon enfance, par la conscience, les valeurs, le droit de l’existence, la légitimité de la résistance, la présidence de l’intelligence, la référence à la réflexion, la conquête du savoir, l’appartenance au mouvement du militantisme scientifique, la conviction à travers la foi, la communication entre le sentiment et l’art. Ici je ne fais pas allusion au moi philosophique, mais à un moi, venant se définir par la structure d’une pensée embrassant tout le spectre des valeurs énoncés ci-dessus, c’est un moi qui se traduit par « je ne vis qu’à travers mes convictions et ma pensée ». C’est en projetant ce moi sur mon quotidien, que j’ai réussi à locomotiver ma pensée vers l’exploration de la matière afin de mettre en évidence la joliesse et l’élégance de cette harmonie cachée dans les profondeurs de la matière.
L’intelligence est mon unique remède, capable de détourner ma pensée pour m’évader de cette tristesse qui continue à abîmer mon appareil sentimental. Dans de telles situations où la douleur sentimentale domine le rationnel, je fais souvent appel à ma réflexion pour apaiser cette souffrance, et voyager à travers ma pensée à l’intérieur de cette ordonnance quadridimensionnelle, qui semble être exprimée relativement par l’équation du savoir, même si celle-ci n’est pas immunisée contre la faillibilité, mais sa séduction demeure très forte et m’attire en permanence dans son champ d’attraction. Par ailleurs la présence d’un romantisme acquis par héritage, interpelle la plume qui profite de mon assiduité envers la terre natale et utilise mon affectivité pour mettre en mouvement la particule pensante. Aussitôt je me perds au milieu de ces anciennes habitations en bois usé, qui entourent le cimetière et dominent la prairie par ses toitures en tuiles pleines de mousse séchée et mélangée à la couleur rouge de ces pièces d’argile, moulées et cuites au four. Ma pensée se fixe sur cet ancien puits, creusé par mon grand père et ses ouvriers, on dirait que celui-ci voulait me révéler l’histoire de mes aïeux tout en m’accusant pour avoir abandonné ce précieux patrimoine, abrasé par la nature et agressé par le modernisme. Je lis sur les murs, et sur les portes de cette antique salle de prière, les empruntes de cette lointaine civilisation arabo-musulmane, les étudiants qui sont passés par ici, ont voulu transmettre aux futures générations ce précieux message, traduit par l’expression suivante « vire en souveraineté ou mourir martyr ». En voulant quitter les lieux, la foule dormante me saisit à travers le silence pour me plaider l’agression dévastatrice du béton, qui est en voix d’anéantir ce capital patrimonial renfermant toutes les informations nécessaires à la récupération des preuves irréfutables de l’existence des civilisations lointaines, aptes à nous renseigner sur l’origine de l’homme et de l’univers. Ainsi prend fin cette petite visite sentimentale et nostalgique à mon petit village natal « Les Attafs ».
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Style : Réflexion | Par rachid sadek bouziane | Voir tous ses textes | Visite : 417
Coup de cœur : 9 / Technique : 6
Commentaires :
pseudo : sylvaine
Notre éducation ainsi que nos premiers souvenirs sont des éléments vitaux pour grandir le plus harmonieusement possible. La perte d'êtres chers est toujours une source de souffrance, mais plus supportable quant on a la Foi.Très belle réflexion sur un parcours riche de souvenirs dans lequel on plonge facilement.
pseudo : Grand-Père
J'admie l'équilibre que tu réalises entre la tradition et la modernité.
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