De petites pensées obscures me traversent la tête. Sanglantes étoiles filantes qui s'entrecoupent dans une nébuleuse d'idées morbides. Coincé depuis maintenant trop longtemps dans ce car , mon espace vital se réduit toujours un peu plus. Et chaque coup de genou venu de l'arrière, poussées des sièges avants me surprennent , rétrécissant un peu plus une cellule déjà minuscule.
Inimaginable mais vrai , les jambes repliées sous les fesses , les bras comme des ailes brisées , les cervicales déjà si tendues qu'elles vont finir par rompre , on s'acharne a me pomper le peu d'air que j'essaye encore de m'octroyer.
Musique , bruits de films , rires joyeux mais surtout idiots : le harcèlement sonore s'ajoute aux pressions physiques pour pour réfracter cette tension , cette oppression qui me transperce de part en part.
Et seule la route , a travers mon bout de fenêtre de quelques centimètres , m'offre quelque échappatoire. Inondée de soleil , elle demeure la promesse faite a mes yeux , a mon corps tout entier que bientôt le contact de l'air retrouvera ma bouche fébrile.
Et le soleil rouge et violent de cette fin d'après-midi m'a fait,lui , un autre serment. Il m'a permis de prendre les armes , jurant sa soif de sang , son désir de délivrance. Et ses rayons brises en mille morceaux par les vitres ce car-bunker ont réussi a se refondre dans ma main. J'y contemple désormais une superbe lame , dépourvue de manche , faite d'un métal lisse et tranchant de sa naissance a sa fin. Le contact de l'acier froid et pourtant brulant hurle dans ma paume. La soif nous tenaille maintenant , unis que nous sommes d'une mission vengeresse et assassine.
Et voila que mon corps tout entier s'élance a la poursuite de ma main droite qui détient le secret d'un silence proche et bientôt accompli. Mes doigts ensanglantés enserrent ce totem empourpré et mes phalanges opèrent une triste dynamique , cherchant a tâtons les carotides. Et les gorges s'ouvrent sous mes coups , vomissant des cascades d'hémoglobines et mon cœur palpite de bonheur de ne plus entendre , de pouvoir écouter l'effroi. Mes yeux peinent a voir , les paupières lourdes de grosses gouttelettes rouge sombre. Mais mes oreilles sont seules guides a présent. Et plus j'avance , plus le couperet se veut vengeur pour qu'enfin le car soit libéré des nuisibles. Le règne du silence total ,enfin.
Et mes semelles ont beau coller au linoleum un peu gluant , collant et pâteux , je sais que maintenant je peux me reposer..."
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