Une fois de plus, je me retrouve dans le grenier d’une demeure ancestrale. Mon regard est attiré par une vieille boîte métallique rongée par la rouille. J’y ai pourtant passé des heures dans ce lieu de havre et de paix, mais je ne l’ai jamais remarquée, c’est la première fois que je la vois. Comme aimantée, je m’approche, je la prends dans mes mains et je l’ouvre délicatement. J’y trouve quelques fleurs séchées, des mèches enfantines, sans doute des vestiges d’un passé bien lointain. Tout au fond de la boîte, une enveloppe jaunie, je m’en saisi religieusement. J’entends un cliquetis. J’y trouve trois clefs reliées par un anneau très ancien. Mon cœur palpite face à cette découverte. Dans les tréfonds de ma mémoire je sais que ses clefs existent depuis longtemps et qu’elles portent un grand secret. Je quitte mon antre, le précieux trésor dans ma poche.

Mes pas me guident vers un chemin sinueux, un endroit où je ne suis jamais allée mais qui, pourtant me semble familier. Une douce mélodie m’envahit. Il débouche sur une allée bordée de grands arbres. Plus j’avance, plus je me sens habitée par une indicible plénitude. Soudain, j’aperçois une maison d’un autre temps. La porte est ornée d’un étrange heurtoir que j’actionne. Personne ne me répond. Je recule prête à repartir quand ma main palpe les clefs au fond de ma poche. Fébrilement, j’introduis la plus grande des trois clefs et, après quelques tâtonnements, la porte s’ouvre dans un grincement. Je me trouve face à une immense entrée au sol couvert de carreaux noirs et blancs parcourus de fines marbrures. Un coup d’œil furtif à gauche, la cuisine, à droite un coin aménagé en bibliothèque où trônent des centaines de livres. Il n’y a pas âme qui vive, aussi je m’enhardit et continue mon exploration à travers le salon qui donne sur une véranda meublée de deux vieilles chaises et d’une table en rotin. L’espace est agrémenté d’une multitude de plantes vertes et une douce clarté baigne toute la maison.

Me voilà devant la porte qui donne sur un jardin laissé à l’abandon où croissent des herbes folles. J’aperçois des dalles. Telle une minuscule créature dans l’immensité d’une forêt, je m’avance doucement en me frayant un chemin. Là, devant mes yeux est plantée une gloriette blanche de forme hexagonale. Mais je sens que je n’ai pas le droit de me servir de la troisième clef, je ne suis pas encore autorisée à entrer dans ce lieu énigmatique. Malgré l’attirance que j’éprouve et un peu dépitée, je reviens en arrière. Je décide de visiter la cuisine vieillote cependant superbement aménagée, on a dû y préparer des festins pour de grandes assemblées. Je m’installe face à la fenêtre, le soleil diffuse ses rayons chauds à travers les petits carreaux ronds couleur bleu ciel. Mes pensées m’emportent loin, loin en arrière.