A 17 ans je pars un mois en Grèce avec 5 copains! De notre bande, je suis la seule fille à avoir obtenu l'autorisation. Tu m'étonnes. Bon débarras. Pour gagner les sous pour partir, je fais le ménage dans un asile de fous pendant le premier mois des vacances. Mon chef et collègue me raconte toutes les histoires "internes" de ce lieu... je me souviens surtout comment il disait toujours : " les plus fous ici, ce sont les médecins.."   L'établissement se trouve à la campagne, je fais 8 kilomètres à vélo le matin, et le soir, pour rentrer.  A la maison, personne, comme d'hab. Si, mon frère. Des fois il me fait à manger le soir, quand je rentre crevée; une tarte au fromage, une pizza... Un amour.

Bref. La Grèce. Le voyage, interminable, plus de 48 heures dans des trains bondés, on dort dans les couloirs. J'y casse mes lunettes, ce qui fait que j'ai passé le mois en Grèce dans le flou. 
Le Péloponnèse. Une presqu'île. on y campe à la "sauvage". Le soir , des fois, tous allongés dans l'herbe sèche,  on regarde le ciel.... l'immensité du ciel me fait peur... toutes ces étoiles...

Un jour, au matin, je me propose d'aller chercher le pain au village. Un des copains veut venir, mais j'ai envie de solitude. Je passe à travers des vignes, 2 ou 3 kilomètres de vignes. C'est agréable. Je porte une jupe en batik un peu baba. J'ai mes règles. Au village il y a le marché. Sympas. J'achète le pain et repars. Beau paysage méditerranéen matinal.
Dans les vignes. Un mec marche derrière moi. Assez vite, tendu. Je me pousse sur le côté pour le laisser passer, le chemin est étroit à cet endroit. Au lieu de passer, il s'arrête à ma hauteur. Il met un bras autour de ma taille, très tendu, stressé. Je le repousse gentiment, il le remet. Ca se répète plusieurs fois, puis c'est la bagarre. Il veut me violer, je ne veux pas. Je me bats. Mais c'est comme si tous mes membres pèsent du plomb. Je suis à terre, il me sert le cou, je veux lui donner un coup de pied, comme vu à la télé... j'arrive pas à bouger mes jambes. Je suis comme paralysée. Je crie. Tous les prénoms de mes potes. Ils sont trop loin.  Dans ma tête ça tourne à trois mille, c'est fou tout ce qui peut nous passer  par  la tête à un moment pareil. Je me dis, merde ! Je ne veux pas que la première fois ça se passe comme ça,  je veux pas, veux pas, veux pas!!!! Lui ne prononce pas un mot. Et moi je me bats. Mes vêtements arrachés, la serviette hygiénique dans le champs.... est-ce que c'est pour ça?  A un moment, tout d'un coup, il se barre. En courant. Il se barre, et moi aussi, en sens inverse, je cours je cours jusqu'au campement et là je hurle.  Mes chers copains ont eu la trouille de leur vie. Ils étaient peutêtre encore plus traumatisés que moi. Dans tous leurs états. Ils veulent le tuer, ils veulent qu'on aille chez les flics. On l'a fait mais c'était pire.

Au retour on passe par l'Italie. On s'est arrêté quelquepart pour visiter et manger une pizza. Le soir on reprend le train. Dans la nuit je suis malade comme jamais. Je me lève pour aller vomir au toilettes. Je n'arrive pas jusqu'au toilettes à temps et vomis par la fenêtre. En fait on est dans une gare, c'est plein de monde et je les vomis dessus. Je vois vaguement (et flou!) des gens qui me regardent, dégoûtés. Ensuite jusqu'au toilettes à travers un couloir, bondé encore. Dans les toilettes je perds connaissance. Je me réveille là, je ne sais pas au bout de combien de temps, par une personne qui essaie d'ouvrir la porte et repart aussitôt en me voyant. Tous drogués ces jeunes... 
Voilà mon premier voyage. Avec le fameux "Europe-tour" pour les jeunes de 16 à 25 ans, pour voyager en train dans toute l'Europe pendant un mois. Qu'est qu'on s'éclate.
Je suppose que c'était pas mon heure... mais presque. Ca m'a laissée à moitié morte seulement.