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Clic... Clac... par Nono1101

Clic... Clac...

Le percevez-vous ce temps qui file ?

  Chaque jour nous nous levons, mais vient un matin où la tâche est plus ardue que la veille et dans notre esprit se formule déjà l'amère conclusion : je vieillis. Néanmoins, pas de quoi s'arrêter de vivre. Le temps file, l'Homme par obligation se doit de faire de même. Alors il va, comme à son habitude, se faire beau devant la glace, se pomponner avec soin pour emballer une pauvre âme en manque de sexe ou de tendresse, ou bien encore effectue-t-il cette tâche par simple narcissisme. Dans les deux cas, cela se rapporte à sa personne. Avancer l'idée qu'il peut s'adonner à ces rituels pour le simple bonheur de l'être qui partage son quotidien serait bien naif : si sa compagne ou son compagnon est heureux, à qui va tout le mérite, la gratitude ? Bousiller tellement de temps à se rendre irrésistible à ses propre yeux. Bousiller...
 
  Bousillée, cette époque de joie, lorsque le reflet se rebelle et se fissure. Une fissure, une plaie si peu profonde gravée sur notre visage, mais tellement blessante. Messagère du temps. Là pour nous rappeller que la beauté est éphémère et ne représente qu'un tiers de notre existence. Mais que faire des deux tiers restants accordés par la nature, ou par un quelconque Dieu s'ennuyant drôlement, si dans notre esprit il n'existe aucune vie sans beauté ? Alors nous continuons notre manège, à nous rendre sublime, mais peindre une fleur fanée ne suffit guère à lui permettre de rivaliser face aux jeunes pousses. Le vernis s'écaille à une vitesse...

  Passons ! Passons ces petits désagréments futiles ! Il y a bien plus important après réflexion, comme le travail. Aaaah le travail, celui qui... Comment ça, licencié ? Trop vieux, trop âgé ? Plus d'ambition, de motivation, d'energie à revendre ? Vous voila devenu une pile vidée de toute essence. L'Homme ne se recharge pas, il est jetable. Les employeurs, eux, vieux croûlants, agissent tels des enfants, vous ôtant de leur manette de jeu, alors qu'il vous restait suffisament de puissance pour des années entières, et vous remplaçant avec dédain par des neuves.

  Passons... Passons ces petits désagréments futiles... Il y a bien plus important après réflexion, comme la famille. Aaaah la famille, celle qui... Comment ça, divorcer ? Trop routinié, trop trompé ? Plus d'idées, de nouveautés, de satisfaction à revendre ?... Voilà votre vie qui s'exile, vos dernières années de jeunesse qui s'éloigne avec l'être si chèrement aimé.

  Je suis si seul, si fatigué de ce temps qui me nargue et récupère toutes les choses pour lesquelles j'ai rêvé et me suis battu. Je manque de temps... Y a-t-il quelqu'un pour m'en consacrer ?

  Souhait exaucé. Dépendant, cloué dans un fauteuil roulant, vous voilà chouchouté par des infirmières et des aides soignantes dont les relations humaines exceptionnelles ont permis leur embaûche. Du temps, vous en réclamiez ? Vous auriez préféré en être dépourvu. Chaque matin, plus question de vous lever, une dame aimante entre dans votre chambre et fait votre toilette, laissant la porte ouverte derrière elle, vous exposant aux yeux de tout passant. Sur votre corps flasque rape brutalement son éponge, irritant votre peau, vous extorquant une série de protestation.

  Malheur vous a pris d'ainsi la ramener ! La nuit, personne ne répond à vos appels, personne pour vous aider à vous rendre aux cabinets. Alors sans pouvoir vous retenir plus longtemps, votre incontinence marque votre lit, lit malodorant et souillé dans lequel vous allez devoir passer des heures encore. Le lendemain, cette même femme, aigrie de son propre temps qui fuit, vous engueule à plein poumons, vous rabaissant au niveau de ce qui trône dans vos draps. Pour que celà ne se reproduise pas, on vous affuble d'une couche jusqu'à la fin de vos jours...
 
  Oublier est difficile. On oublie si aisément ce à quoi nous tenions, ce qui nous apportait une once de plaisir. Les pires sévices, quant à eux, stagnent jusqu'à la libération finale.
Oublier un tel traitement, vous aimeriez plus que tout au monde.
Tout oublier. Oublier ce temps. Cela peut s'arranger...
Si fatigué. Si exténué...
Oublier ce... ce...
...
Que mange-t-on ce soir ? Aaah... Nous avons déjà mangé ? Vraiment ?
Bien. Bien. Bien...

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Style : Réflexion | Par Nono1101 | Voir tous ses textes | Visite : 468

Coup de cœur : 11 / Technique : 9

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