Il était un village comme il en existe des milliers. A première vue, rien ne le distinguait des autres. Il y avait une école, une mairie, un clocher et, bien sûr, la grand'place.
Tous les jours, sur cette place, il y avait le marché avec tous les commerçants habituels. Le boucher étalait ses pièces de boeufs, la marchande des quatre saisons déclinait toute sa palette de fruits et légumes odorants et multicolores. La boulangère alignait fièrement ses baguettes. Tous ces parfums et ces clameurs se mêlaient harmonieusement.
Il y avait foule tous les jours, des gens pressés qui venait faire leur marché et s'en retournaient chez eux.
Un jour pourtant, une femme sans âge s'installa tout au bout. Elle attisait la curiosité. Personne ne savait d'où elle venait ni qui elle était. Son stand était bien étrange. Une chaise, une table sur laquelle reposait une balance. Oh pas une de ces merveilles de technonologie qui vous pesait le steack du petit dernier au gramme près; non une vieille balance comme on n'en voit plus guère. Deux plateaux brillants de mille feux et, bien sûr, la collection de poids en laiton qui va à avec. Il n'y avait rien d'autre sur son stand, il semblait qu'elle n'avait rien à vendre.
Les clients dubitatifs n'osaient s'en approcher. C'est bien connu, ce qui est différent dérange et fait peur. Un matin pourtant, un badaud, sans doute poussé par la curiosité l'aborda, lui demanda ce qu'elle avait à vendre et à quoi lui servait son antique balance.
Elle vendait des rêves, à la livre ou au kilo. Il suffisait de demander. Elle en avait de toutes les couleurs, des longs, des courts des tristes et des gais.
A partir de ce jour, il y avait la queue tous les jours devant son étalage. Personne ne serait reparti, sans emporter dans son cabas, coincé entre la baguette et la botte de carottes, avec son rêve du jour. Le lendemain, les gens rapportaient le rêve de la veille; et après la pesée et selon ce qu'il en avait fait, il repartaient avec un tout nouveau. Et les gens commençaient à parler de leurs rêves et se rendaient compte que finalement ils faisaient tous les mêmes.
Un matin pourtant, la marchande n'était plus là. Elle était repartie comme elle était venue. Sans doute elle avait épuisé ton son stock ou alors....les gens avaient peut être appris à fabriquer leurs propres rêves?
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Style : Nouvelle | Par lutece | Voir tous ses textes | Visite : 557
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Commentaires :
pseudo : féfée
Superbe ! Tu es une magicienne ! CDC
pseudo : nani
J'adore et j'en redemande...Ces contes qui ressemblent à la fin à une belle leçon de morale sont un pur délice car après on peut en discuter comme avant le faisait les gens au coin du feu bien avant notre ère où l'audiovisuel à détruit tous ces beaux rêves...Merci à toi pour cette merveille...
pseudo : lutece
merci a toutes deux de vos commentaires car moi je me régale à écrire ces petites histoires!!
pseudo : GLblues
La micro-nouvelle est un genre que tu maitrises bien. Celle-ci est fort sympathique. Il est seulement dommage que tu donnes la clé (des songes) dans le titre.
pseudo : lutece
merci de ta com Glblues la prochaine fois je laisserais planer le mystère, promis!!
pseudo : PHIL
où est-elle aujourd'hui, ou alors il va falloir que je fasse tout les marchés, j'en connais une qui pèse les âmes, beaucoup moins réjouissant. Excellent cet écrit à tous les niveaux CDC
pseudo : Déméter
J'adore les contes...alors évidemment j'ai lu le tien avec plaisir. Il fallait avoir l'idée d'une marchande de rêves !
pseudo : café rue et suis
J'aime bien ces petites histoires qui font réver ! Merci et cdc
pseudo : Lutece
Merci à vous tous pour vos gentiles commentaires, je l'ai rencontrée il y bien longtemps et elle m'a ppris à m'inventer mes propres rèves
pseudo : w
Voilà une superbe conte philolutecique ! :-) Vraiment très bien écrit et... quelle histoire !!! L'as-tu inventée totalement ou t'es-tu inspirée du texte d'un autre auteur ? Ca me rappelle vaguement quelque chose, mais ma mémoire me joue des tours. En tout cas bravo à toi pour nous avoir plongé dans cet univers profond et pourtant léger.
pseudo : lutece
non W je l'ai inventée comme j'invente toutes mes histoires mais si ca te rappelle quelque chose peut etre que tu l'a rencontrée????
pseudo : Cymer
Quelle belle histoire,un beau rêve qui laisse songeur.
pseudo : asicq
si la marchande est partie, est-il possible de mettre la main sur la machine à rêves ? non... je m'en doutais; tant pis. bravo
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