Tu es mon berceau,mon terroir ,mon ADN où demeurent mes plus beaux souvenirs d'enfance et d'adoleslence, et de vacances merveilleuses chez mes grands-parents paternels!

Je ne peux y revenir sans être envahie par l'émotion, surtout quand tu me rappelles tant de moments merveilleux,dans tes rues, ton vieux port, ton jardin des plantes, le parc Charruyer! Ha! le parc Charruyer, avec ses enclos animaliers, duquel je  refusais de partir, avant qu'un paon ne se décide à m'offrir le beau spectacle de sa roue exécutée avec orgueil.

Votre maison, mes grands-parents adorés, c'est ma madeleine de Proust!D'elle se dégage les délicieuses odeurs de tourticeaux, ces petits beignets à la saveur inégalable,dont toi seule grand-mère avait le secret, et de tes succulents pot-au-feu, dont nous nous régalions chaque dimanche soir.

Maintenant bien que modifiée au fil du temps, je m'y revois petite fille, aux cheveux noirs et bouclés, sortir de la porte principale,et t'accompagner, toujours à ton bras,au vieux marché tout près,afin de t'approvisionner des produits nécessaires à la préparation des dîners de tes pensionnaires qui logeaient quelque temps dans ta pension de famille.

J'ai profité de ta passion du cinéma où tu m'emmenais voir ces films des années cinquante, dans les salles à proximité, dont une a disparu aujourdh'ui.Je me souviens précisément des films de Sacha Guitry, intitullés:Si Paris m'était conté puis Si Versailles m'était conté, sortis alors que j'avais à peine dix ans.

Oui, cette maison me touche, me parle,elle a une âme et c'est la seule que je contemple cinquante ans plus tard avec mon regard d'enfant.J'écris tout cela, car après une semaine passée à marteler de mes pas ,les pavés de tes magnifiques arcades et ton coeur historique,toi ma ville, tu es frappée de plein fouet dans ta chair, alors que je venais de te quitter.

Quelques heures après mon retour, dans la ville où je vis à présent, j'apprends le désastre et suis les évènements avec une grande tristesse.

La Rochelle meurtrie une fois de plus en cette fin de février par une violente tempête qui t'a dévastée et te laisse exsangue.

Tu te relèveras, toi qui a subit tant de malheurs dans le passé,et fièrement tu redresseras la tête bien au-delà de tes tours majestueuses, car tu es forte!

Belle et rebelle, cela te sied si bien,  au gré du vent  et au fil des siècles tu as démontré combien tu savais résister aux assauts des hommes et de la nature déchaînée!

Ta Grosse Horloge, quant à elle, se moque bien des caprices du temps, elle continue,inexorablement, à nous indiquer le sien, celui qui passe et guérit de tous les maux!!!!

Pour moi, tu es la plus belle ville au monde, chargée de ton douloureux passé, de ton histoire, et de la mienne!!