JOUR 13
Enfin de retour auprès de mon cher livre. Six jours d’absences, et cela me manquait déjà tant, la chaleur de mon repaire et l’écriture. De nombreuses choses se sont produites et je m’en vais te les raconter, cher livre.
J’ai déambulé dans les ruines de la ville, à la recherche d’une quelconque nourriture. Mes investigations duraient depuis deux jours et restaient toujours sans succès.
Tout en marchant, je sentais contre moi, dans la poche intérieure de mon veston, la présence réconfortante du fulgurant. Une arme étrangère, originaire et construite sur la planète des Velp-Hâh. Une acquisition que je m’étais permise à l’Epoque Saine, sachant indéniablement qu’un jour viendrait où elle me servirait.
Je désespérais de trouver quoi que ce soit et à chaque pas que je faisais, des ondes douloureuses provenaient de l’estomac pour informer mon cerveau que le dernier repas remontait à plusieurs jours.
Essayant d’édifier un blocage mental à cette désagréable sensation, je passais une main crasseuse dans les gouttelettes qui constellaient ma barbe hirsute. Par ce geste je levais les yeux vers le ciel pour offrir mon visage à la fine bruine glacée qui tombait. Une horreur sans nom m’envahit lorsque je vis une escadrille de cinquante vaisseaux automatiques Olno-Ti s’abattre sur la ville.
Je n’eus que le temps de me jeter par une porte ouverte dans un immeuble en partie intact, pour atterrir lourdement sur le sol poussiéreux d’une pièce. Une fulgurante douleur me déchira l’épaule. Je n’y portais guère mon attention, qui était entièrement employée à ma survie. A l’extérieur je perçus les défenses Velp-Hâh surgir de leur fosse souterraine avec le chuintement caractéristique des vérins magnétiques.
Et soudain ce fut l’enfer.
Il y avait quelques minutes, rien ne présageait ce qui allait s’accomplir.
Des forces venant de mondes étrangers allaient s’affronter, jusqu'à outrance, indifférents aux graves blessures qu’elles infligeaient à cette planète qui n’avait rien à faire de ce combat qui n’était pas le sien.
D’innombrables traits lumineux d’un insoutenable éclat, tissèrent subitement une vaste toile d’énergie entre les squelettes des bâtiments. Lorsque l’un de ces traits venait à toucher un édifice, ce dernier se volatilisait dans un nuage de poussière avec un sifflement aigu. Je connaissais l’effet dévastateur de ces rayons et priais le ciel qu’aucun ne percute l’immeuble dans lequel j’avais trouvé refuge. Un refuge bien précaire en somme.
De temps à autre je risquais un coup d’œil à l’extérieur pour prendre connaissance de l’évolution de la bataille. Une terreur indicible s’empara de mon être. Involontairement mes membres tremblaient. Cependant j’étais conscient qu’aucun être vivant de quelques planète que ce soit, ne participait à cette lutte ; Seuls des ordinateurs commandaient ces machines hautement sophistiquées. Les uniques pertes à déplorer se tenaient du coté des hommes qui devaient assister impuissants à ces combats répétitifs. Mais les spectateurs humains se faisaient rares et les pertes diminuaient en proportions.
Toute sensation de fatigue et de faim avait disparu, remplacée par une ineffable appréhension. La peur me nouait les entrailles.
L’engagement semblait être sur un point d’égalité. Rien d’étonnant, car comme je l’ai expliqué précédemment, toutes les unités en œuvre sont des machines automatiques spécialisées dans le combat, tant du coté Velp-Hâh que celui des Olno-Ti.
A croire que les protagonistes de cette guerre sont des lâches, incapables de se battre par eux-mêmes. Leur faut-il l’intermédiaire et le soutien des machines pour se valoriser ? Aux yeux de qui ? Des même machines peut-être ? Stupide ! Les Velp-Hâh comme les Olno-Ti sont des (intraduisible) sans cervelle. Il n’y a rien d’héroïque dans l’action d’appuyer sur un bouton, surtout si l’on ne saisit par le processus qui en découle, et pire encore, si l’on laisse d’autres machines appuyer sur ce bouton incriminé ! Paradoxal pour une puissante civilisation galactique qui se prétend souveraine.
Cette pensée me révolte.
Dehors le déluge d’énergie diminuait peu à peu, et mon refuge tenait toujours. Ce fut avec un grand soulagement que je sortis, lorsque je n’entendis plus le sifflement continu des armes énergétiques.
Soit tous les vaisseaux Olno-Ti étaient détruits, soit les défenses Velp-Hâh se trouvaient hors d’usage. De toute façon, cela m’étais égal. L’important était que je fusse encore en vie et que les deux protagonistes de cette représentation inepte se soient retirés.
A l’extérieur, se présentait le même spectacle auquel j’étais habitué depuis des années. Toujours des ruines avec en plus les carcasses métalliques des robots extra-terrestres issues du dernier affrontement. De-ci, de-là, des foyers pâles et sans force, consumaient avidement les ultimes éléments inflammables des appareils détruits, au-dessus desquels planaient d’opaques nuages de poussière ainsi que l’odeur d’électricité statique. Pour couronner cette scène de désolation extrême, les gouttes de pluies se mirent à tomber, plus denses, éteignant les maigres feux et se réunissant dans des filets d’eau souillés pour s’amalgamer dans de petites mares noires et impures.
Cependant cette pluie me donna la sensation d’exister, d’être vivant et non un fantôme hantant les ruines de cette ville qui n’a plus de nom. Mais ma solitude me pesait de plus en plus et je voulus hurler. Ce que je fis, criant à plein poumon vers les murs sourds, vers un ciel fermé, sans que le moindre échos ne me répondit.
Ensuite je me remis en marche sous la pluie sans chercher à m’abriter. J’avais horreur d’attendre, car l’attente signifiait une action plus ou moins éloignée dans le temps, un changement, une sortie de secours, mais moi je n’avais rien à attendre, les jours se ressemblaient tous, fastidieux. Je préférais continuer, droit devant moi.
Peut-être irai-je vers la côte.
Mes pieds se posaient automatiquement l’un devant l’autre, comme s’ils étaient dotés d’une vie propre, indépendante du cerveau, n’évitant même plus les flaques d’eau trop nombreuses. Je m’interrogeais alors si cette eau, tombant d’un ciel aux couleurs douteuses, était saine, propre ? De toute façon mon sort m’était indifférent : la pollution était partout ; dans le ciel, sur la terre, dans le sol et en l’homme.
A ce stade de mes pensées, mon regard avait accroché un éclat métallique requérant toute mon attention. Mon estomac eut une convulsion lorsque je reconnus sur ma gauche, à moitié ensevelie sous les décombres, plusieurs boites de conserve bosselées, mais dont le contenu devait être intact.
En jetant un coup d’œil circulaire pour m’assurer que j’étais seul sur le site, je m’accroupis pour enlever les pierres qui recouvraient ma découverte. Il y avait seize boites dont quatre percées. Rapidement je mis les boites restantes dans le sac de toile que je portais, et pris le chemin du retour menant à mon repaire, en me délectant d’avance du repas que j’allais m’octroyer. Les boites n’avaient plus d’étiquette depuis longtemps, néanmoins je me réservais la surprise quant à leur contenu.
Maintenant, l’estomac rempli d’haricots bouillis, je m’assoupis.
Je suis heureux d’être encore en vie, je suis heureux d’avoir bien mangé, je suis heureux d’avoir retrouvé mon manuscrit. Je vais certainement faire de beaux rêves cette nuit.
JOUR 14
Cette journée fut accablée d’une chaleur étouffante. Une humidité presque totale régnait dans l’atmosphère. Chaque geste demandait un effort de volonté.
Trop fatigué pour continuer.
JOUR 15
Comme hier !
Je me demande si les Olno-Ti ne sont pas en train d’effectuer des expériences au niveau de notre climat. Ce temps super-tropical est tout ce qu’il y a de plus insoutenable. Si encore il y avait le soleil dans toute sa splendeur, mais cette couverture nuageuse reste immuable.
Je suis las, vivement une bonne pluie bien fraîche.
JOUR 19
Je ne vais pas pouvoir sortir aujourd’hui. Comme mon souhait voici quelques jours, il tombe des cordes poussées par de puissantes rafales de vent. Je suis à l’aise ici dans mon refuge, avec de la nourriture, un bon feu, et mon manuscrit. Il peut pleuvoir jusqu’à la fin des temps.
Après ces journées de chaleur torride cette eau est presque bienvenue.
Je n’ai pas fait de rêve cette nuit ou je ne me le rappelle pas. Cela n’a pas d’importance.
Cependant, l’escarmouche Velp-Hâh quelques jours auparavant, avait réveillé en moi pendant la canicule, des souvenirs que je m’efforçais d’oublier ou du moins de les retrancher au plus profond de ma mémoire ; La raison de l’anéantissement du système humain et de son monde.
Le bon temps soi-disant.
Le passé.
Oui, le passé. Car au moment ou le gigantesque vaisseau de la délégation Velp-Hâh se posa à New York près des bâtiments de l’O.N.U., tout changea. Une race extra-terrestre venait de prendre officiellement contact avec la race humaine, un instant épique dans l’histoire de l’homme, un tournant décisif sur le chemin de l’avenir.
Ainsi, l’énigme des O.V.N.I. fut résolue. La vague qui s’abattit sur le monde dans les années cinquante de mon siècle ne furent que des patrouilles automatiques de reconnaissance, une sorte d’avant-garde.
Si seulement ce jour n’avait jamais eu lieu ! Je vivrais peut-être encore dans ma petite maison de campagne avec ma famille. Un souvenir douloureux sur lequel se superposaient les corps affreusement mutilés de ma femme et de mes deux fils.
Au début, la joie des hommes fut indescriptible, la venue des extra-terrestres fut accueillie comme un sauvetage, enfin l’humanité allait sortir de l’impasse vers laquelle elle croyait se diriger inflexiblement.
Tout le monde s’imaginait vivre l’une de ces aventures tant racontées dans les histoires de science-fiction. La venue des représentants d’une Fédération Galactique pour annexer la Terre à celle-ci. Ainsi le chemin des étoiles s’ouvrait à tous, et le rêve de milliers d’hommes se concrétisait enfin.
En réalité il n’en était rien.
Le monde retint son souffle lorsque des panneaux s’escamotèrent en glissant sur l’un des flancs de l’astronef, pour laisser le passage aux Velp-Hâh. Beaucoup furent déçus, j’en suis certain, car des esprits effervescents s’attendaient à l’apparition d’une créature dépassant notre imagination, une créature informe avec une multitude de tentacules. L’être qui franchit le seuil du sas était humanoïde en tous points, hormis quelques détails minimes : Une taille de deux mètres, des yeux rouges sans pupilles, le teint gris-argenté, et un système pileux inexistant. Par la suite il se révéla aussi qu’ils détenaient le don de télépathie et ses dérivés.
Au commencement les relations furent amicales, quoiqu’un peu exagérées de la part des visiteurs. Cependant, ces derniers tergiversaient sur les questions concernant leur origine et leur but. Cette preuve d’obscurantisme aurait dû nous rendre méfiants à leur égard, mais non. Car devant les merveilles technologiques qu’ils nous amenaient de leur planète, les moindres doutes se voyaient relégués au second plan ou tout simplement effacés.
Par la suite, d’autres navires atterrirent en de nombreux points sur la Terre, apportant dans leurs soutes des richesses inestimables pour les hommes. Et que ne fût notre surprise en constatant que les Velp-Hâh ne voulaient rien en échange ; pas de monnaie, d’or ou de pierres précieuses, et de même envers le minerais. Ils refusaient systématiquement tout ce qu’on pouvait leur offrir. Face à une telle corne d’abondances les industries, entreprises, sociétés, s’arrachèrent ces produits manufacturés sur d’autres mondes afin d’en avoir le monopole et d’envahir le marché en réalisant des bénéfices colossaux, s’accaparant ainsi une puissance utopique, et faisant s’envoler toutes les places financières de la planète.
Peu furent les gens qui se méfiaient devant tant de bienveillance, même les appels à la raison de quelques hommes objectifs ne rencontraient que des oreilles sourdes. Nous étions en plus tous aveugles, ne remarquant pas qu’en dehors des matériaux qu’ils nous livraient, ils en débarquaient d’autres pour leurs propres besoins. Nous ne sûmes que trop tard à quelle fin.
Deux ans après leur arrivée, la vérité se fit.
Il ne subsistait plus rien de la Fédération Galactique. Voici des millénaires quelle avait cessé d’exister, pour s’effondrer et se morceler en une constellation de petits royaumes indépendants, chacun d’eux ne se consacrant qu’à son expansion et au développement de sa puissance, faisant fit du progrès des autres.
Ainsi la Terre, sans intérêt jusqu’à présent, devint-elle un point stratégique fondamental sur l’échiquier du champ de bataille cosmique. Afin de favoriser la conquête continue du royaume de Velp-Hâh, qui se réservait ainsi un secteur galactique important et prospère au désavantage de l’autocratie Olno-Ti, une force militaire y prit position.
Je faisais parti de ceux qui dés le début subodoraient un projet équivoque en remarquant que les Velp-Hâh nous considéraient avec une outrecuidance ostensible, avec dédain et parfois avec mépris.
La vérité fut douloureuse, le rêve de voyager entre les étoiles et de fouler des mondes aussi étranges qu’exotiques, s’anéantit. La Terre ne devint rien d’autre qu’un avant-poste militaire, une colonie sans plus. Une planète ne servant que les intérêts guerriers d’un peuple avide de puissance, sans déférences aucune pour les autochtones qu’ils jugeaient inférieurs, primitifs. Cette vérité s’affirma lorsque s’édifièrent un peu partout dans le monde des bases automatiques de surveillance et de défense, protégées de la curiosité humaine par d’inébranlables écrans d’énergie.
Les produits et matériaux qu’ils nous offrirent avec tant de diligence n’avaient pour eux aucune valeur particulière, rien que du rebut, des bibelots ou de la pacotille sans importance, provenant certainement de leurs musées ou de leurs anciens dépôts pour s’attirer la sympathie des peuples primitifs et en user à leur avantage. Comme ce fut souvent le cas dans notre histoire lorsqu’un peuple soit disant évolué rencontrait un peuple sauvage. L’histoire se répète, avec l’hypocrisie en plus.
Néanmoins, pour nous, les produits que nous chérissions tant, ne perdirent point de leur valeur après cette révélation. Mais que pouvions nous faire d’autre qu’accepter la situation et garder ces objets, qui étaient tout de même tellement en avance sur notre ère technologique. De même pour mon fulgurant qui ne me quittait jamais.
Les hommes essayèrent bien sûr de résister, de retrouver leur intégrité et leur “ paix ”, en se révoltant contre l’outrage que leur faisaient subir les visiteurs en utilisant sans vergogne leur planète comme base militaire. Tous les efforts furent vains pour juguler un avenir peu enchantant. Les missiles les plus puissants que l’homme ait construit, s’écrasèrent lamentablement sans faire de dégâts sur les dômes d’énergie protégeant les structures extra-terrestres. Il n’y eut même pas de riposte, les Velp-Hâh nous ignoraient ostensiblement avec une désinvolture insolente.
Je me demande encore aujourd’hui pourquoi ils avaient attendu deux ans en faisant patienter l’homme et sa soif de technologie par des promesses fallacieuses, avant de prendre position sur la Terre et d’installer leur matériel de guerre. Peut-être pour abuser notre méfiance avec les cadeaux qu’ils nous faisaient et les histoires qu’ils nous relataient sur un empire imaginaire ? Pourquoi ne pas nous avoir raconté la vérité tout de suite et peut-être gagné notre aide dans leur expansion ? Au lieu de cela ils nous détruisent progressivement, réduisant à néant les efforts accomplis pendant des millénaires pour nous hisser sur la voie de l’absolue, vers l’Age d’Or. Des questions qui resteront hélas à jamais sans réponse.
Je suis las de m’offusquer devant ces faits.
Pendant les trois années suivantes, il y eut quelques cas d’épidémies dévastatrices. Malgré l’atmosphère aseptisée des vaisseaux spatiaux et les sévères décontaminations, quelques micro-organismes étrangers extrêmement virulents parvinrent à s’infiltrer et à se propager sur Terre, semant désolation et vision d’apocalypse sur leur passage. Avant que les Velp-Hâh indolents ne daignent intervenir pour juguler efficacement les maladies, le mal était fait. Le fléau implacable fit des millions de victimes.
Je me demande ce que l’homme fit pour mériter une telle fatalité ; voir sa planète colonisée par des êtres qui s’identifiaient à des dieux, nous reléguant au niveau d'animal de compagnie, se faire exploiter avec humilité, puis être décimé par des micro-organismes extra-terrestres.
Nous ne méritions pas cela.
Puis ce fut le comble pour la destinée humaine.
L’Enfer s’installa sur la Terre.
Que fut grande notre horreur lorsque nous apprîmes que la guerre venait d’être déclarée par les Olno-Ti qui détruisirent en grande partie, lors d’un vaste assaut, les bases d’approvisionnement martiennes, ouvrant ainsi les hostilités.
Les défenses terrestres furent renforcées et les batailles principales se poursuivirent dans l’espace. De temps à autre une offensive Olno-Ti était menée contre la Terre, mais les défenses automatiques Velp-Hâh du sol et en orbite tenaient bon.
Depuis longtemps cela se déroule ainsi, l’homme assiste impuissant aux impitoyables forces qui se déchaînent, amenant progressivement la destruction de sa planète et de son peuple ; Peu à peu nous abhorrions toutes les races extra-terrestres en les assimilant à des êtres sanguinaires et sans scrupules. Cette guerre nous déconcertait, nous ne comprenions pas les intérêts qu’ils pouvaient tirer de l’annihilation d’un peuple qui n’aspirait qu’a vivre en paix avec l’univers. Du point de vue des instigateurs, ce ne devait être q’une simple bataille que se livraient des machines ultra-sophistiquées dont les plus performantes emporteraient la victoire à leurs commandeurs. En ce qui concerne les humains de cette Terre ? Leur planète se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et ils devaient subir les conséquences indirectes. Dommage car c’était une race pleine de promesses, mais les intérêts du royaume passaient avant, donc point d’atermoiement, il fallait repousser les Olno-Ti à n’importe quel prix.
Je me figure bien ces êtres décidant selon leur humeur, du destin de l’univers et du sort des planètes comme un joueur d’échec face aux pions qu’il va manœuvrer. Des sacrifices s’avérant parfois nécessaires pour aboutir à une issue favorable, on nous obligeait à nous soumettre de force. De toute manière, notre opinion sur la question n’avait aucune valeur.
Combien de fois déjà je me suis imaginé abattant sans vergogne les (intraduisibles) responsables de cette guerre, mettant ainsi fin à ce combat absurde. Une illusion bien ridicule à la réflexion, car d’autres viendraient pour prendre la relève. Qu’importe, cela restera un rêve futile puisqu’il me sera impossible de quitter la Terre, même pour un simple voyage vers la Lune. Jamais un homme, depuis leur venue, n’avait fait un voyage dans leurs navires spatiaux, repoussant toujours une telle demande.
Nous, les hommes, sommes dans une situation inextricables, sans possibilité de retour. Le destin est immuable. La pérennité et le patrimoine de notre race sont perdus à jamais, toute résistance étant inutile. Il n’existe plus rien pour en mener une, le système politique, économique et social qu’on à mit tant de temps à construire s’est effondré, ne laissant la place qu’au chaos. Notre destinée est tracée d’avance, elle se joue avec les décisions des meneurs de cette guerre, et ceci sur une voie sans issue, vers une fin inéluctable.
Moi je me laisse vivre en restant dans l’expectative quant à la fin, curieux de connaître ce que l’avenir me réservera. Partir pour la côte ne m’enchante plus.
Ma main me fait mal. De ma vie je ne crois pas avoir écrit autant d’une seule traite. Je vais m’asseoir près de la fenêtre et laisser les souvenirs de ma vie passée m’envahir en attendant la nuit.
Rêver éveillé peu faire autant de bien que de mal.
JOUR 21
Cher livre, j’en ai marre ! Marre !
Hier il ne s’est rien produit de spécial. Aujourd’hui non plus. Je dois déprimer de plus en plus. Pourquoi encore vivre ? Il n’y a plus rien, aucune solution d’avenir, c’est l’impasse totale.
Nous ne méritons vraiment pas ça.
Cette nuit j’ai fait un rêve. Dans celui-ci ma femme me secouait doucement et je me réveillais dans le monde d’avant. J’ai alors pensé que tout cela n’était qu’un mauvais cauchemar enfin terminé. Avec une profonde joie, qui se communiqua à mon épouse, nous fîmes langoureusement l’amour. Mais pendant nos ébats le monde autour de nous se transforma, devant d’un blanc lumineux, estompant toutes les formes, tous les objets. Je fus enveloppé par le bruit assourdissant des lasers et lorsque mon regard se reporta sur ma femme sous moi, je ne vis qu’un squelette. J’ai dû hurler, ce qui me réveilla.
Des flashes éblouissants perçaient la nuit extérieure, suivis du chuintement brutal des lasers. Une nouvelle offensive se produisait.
J’ai pleuré.
A SUIVRE
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Style : Nouvelle | Par markkus76 | Voir tous ses textes | Visite : 335
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