Je me tue à vivre. Tous les jours, je m’efforce de respirer, je m’efforce de sourire, de rire.

Je m’efforce d’aller bien, de faire semblant.

Je me tue à vivre. Oui, je me tue, tout le temps, même quand mon corps est au pays des songes, ma peine est présente. La vie est une « belle » rose couverte d’épines, tous les jours des rosiers entiers me font mal. Je me tue à vivre. J’aimerais disparaitre. Partir. J’ai besoin de liberté.

La mort, cette douce opportunité, celle douce mélodie, cette merveilleuse émotion me tend la main.

Dois-je l’attraper? Je veux partir. Partir loin. Très loin. Et si je peux, encore plus loin. Et si j’y arrive, toujours plus loin. Encore un peu plus loin. Je veux, je ne veux pas, je ne sais pas, la vie doit savoir pour moi. Elle prend les décisions à ma place. Elle est la reine dans ce jeu d’échec. Je suis le petit pion qui se fait écraser, et qui ne peut reculer. Je suis ce petit pion qui regarde ces grands fous vivre leurs rêves, ces rois croyant conquérir le monde, ces cavaliers sans cœur qui ne font que le malheur et qui galopent vers le bonheur qu’ils n’atteindront jamais. Je regarde aussi ces tours qui sont insouciantes et qui avancent droit devant ou qui prennent de temps à autre un raccourci. Moi je ne suis qu’un pion, parmi tant d’autres. Parmi les gens comme moi. Car je ne suis pas la seule sur cette terre à me demander si vivre c’est mourir, ou si mourir c’est vivre.

Je ne suis pas la seule à me demander ce que je fais des mes journées, et de mes nuits.Je ne suis pas la seule non. Et la misère du monde me fait mal. Mal au cœur, Mal dans ma tête.J’ai mal de voir la douleur des jeunes. Les souffrances passées sous silence. Les mots oubliés. Les blessures qui ne se referment pas.Le monde va mal, et je n’arrive plus à suivre. L’avenir vaut-il d’être attendu ?Et surtout, vaut-il d’être espérer ?