Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

Blessure par yasida

Blessure

La cité au minaret millénaire

Agadez " la Cité au minaret Millénaire"


BLESSURE


Comme un fleuve en crue

La haine a déferlé

La haine Nue

Sauvage

Tumultueuse

Une meute désemparée

Sans chef ni subordonné

S'est ruée vers la ville

La ville innocente et docile.

Alors commença la danse barbare

Des proies faciles

Maison par maison

La horde écumait la ville

Mettait dans ses fourgons

Des civils innocents.

La peur s'installait

Les miens traqués

Rasaient les murs.

Partout on arrête

On torture sans murmure

Sous des yeux douloureusement

Indifférents

Exultant, applaudissant le ca:rnage

Le deuil s'installait

La douleur incommensurable.


Dans les gares

Sur les routes

Dans les rues

Et jusqu'au fond des case

Sinistrement silencieuses

Ils arrêtent les miens

Tous les miens

Tapis à l 'ombre de la terreur

Les miens entassés

Dans la honte

Dans la sueur

Dans les larmes.

Les miens Au creux des cellules sordides

Puantes

Puantes de mille pourritures...



Oh Seigneur! De quel crime

Répondaient les miens !

Pourquoi endossent-ils les péchés

De tout l'univers ?

Le fils et le père enchaînés

À la même chaîne de la homte.

Les frères rampant dans la sueur et le sang

Sous les caresses cruelles

Des lumières brûlantes.


Seules les femmes

Debout dans la tourmente

Le poing dur

L'insulte à la bouche

Femmes

Je vous salue

Roseau fragile mais tenace

Canne sur laquelle s'appuyair

Mon peuple quand il chancelait

Et titubait dans les dédales

Du mépris.

Femme, coeur d'airain

Bouclier de fer

Salut femme

Gardienne inlassable des rejetons

Orphelins d'un père

Qui ne répond plus à l'appel.


Salut mère

Toi qui jugulas la haine des temps amers

Pour tes prières sincères

Salut sœur

Toi qui bravas le fer

Pour nous un peu de lumière

jusqu'au de nos sombres tanières

Salut femme amazones des temps pénibles


Août 1992-aoùt 1994

Deux ans déjà que la folie

A foulé la face de mes cités

Elle est passée comme un tourbillon

Dans les rues on voit encore

Quelques filles au rire sonore

Les pères retrouvent

La paix paix des maisons

Sur les terrasses

Les moineaux chantonnent

La clameur haineuse

A fait place à l'Assalam

De la paix

Le sang et les larmes

Ont séché


Mais dans mon cœur une fibre

A lâché pour toujours

Avide l'Horizon plus libre

Rhissa Rhossey


sur la route du Mont Tamgak, vallée de Timia, août 1994

Poème évoquant l'arrestation des Touaregs par l'armée nigérienne en 1992. lors de sa rédaction, Issa venait d'être libéré, après 8 mois de prison

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Poème | Par yasida | Voir tous ses textes | Visite : 408

Coup de cœur : 6 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : quésaco

beau et profond retour sur l'histoire. devoir de mémoire