Il faisait froid dans Bordeaux ce soir là. Comme d'habitude j'étais assise sur le même banc, prés d'une fontaine. Je ne sais pas ce que je cherchais, ne ce que j'y faisais, j'attendais simplement, je regardais les gens passer, j'écoutais le temps. C'était devenu une habitude de m'enfermer à cet endroit, une sorte de reflex de me poser, d'allumer ma cigarette et d'observer. Ma façon a moi de décompresser. Je me souvenais de tout, appareil photo en main, je regardais les gens et j'imprimais sur ma peliculle les instants de grâce de chacun, j'imprimais leurs sourires, leurs histoires d'amour, naissantes, gâchées, âbimées ou simplement jolies.
Capturer la nature humaine était devenu mon plus grand jeu, mon plaisir le plus intense. J'avais chiné ce vieu Kodak aux puces, rien de fabuleux, mais l'histoire qu'il avait put trainer derrière lui le rendait particulier. J'épiais. Sans arrêt. Au début, j'avais l'impression de n'être qu'une voleuse, un intrus dans un quotidien éprouvant. Je me sentais en rettrais de cette masse hystérique de gens épuisant et j'aimais ca. J'aimais cette sensation d'être hors de leur temps, de leur vie, de la vie. Je pouvais décider de l'histoire de chacun de mes sujets. J'étais plus forte qu'eux, je maitrisais chacun de mes gestes et photographiais au gré de mes envies. Ils devenaient de simples pions au centre d'un tableau de la vie, ils étaient mon plus grand jeu et mon imagination était ma plus grande force.