Ma diabolique Laura,
Que n'ais je de cesse à croire que ta compréhension se nourrit d'un univers idéal que nulle autre parfaite, peuplant le vaste globe, n'aurait capacité à en apercevoir ne serait ce que l'orée.
Et moi, craignant la fatuité qui confirme le sot dans ses vilains travers, j’acquiesce sans le doute qui me conduit au bord de la stupidité.
En raison de mon assujettissement volontaire à ton exquise personne, je me penche sur Barbey, ta corne d’abondance, aux laides entournures, aux propos disgracieux et n’y voit, malgré toi, que la plume d’un scribouillard totalement dénué de don.
Il use d’aphorismes vitreux, laissant subodorer une syntaxe emplit de finesses mystérieuses et s’arroge le droit post-mortem d’avoir pour sa défense les plus lettrés de nos contemporains.
Ces derniers, courtisans de basse fosse, craignant que le givre qui glace le papier des mots de ton auteur ne les oblige à se couvrir du manteau de leur ignorance, valident inconsidérément des textes aux relents de brouets.
Le rythme qu’il inflige, trouve son accointance dans le trot d’un baudet quand le ravissement d’un esprit aliéné le compare au galop d’un pur sang plein de fougue.
Tu sais à quel point, mon amour pour toi navigue dans les vapeurs éthérées d’une passion irraisonnée mais je ne peux cautionner les fumigations littéraires d’un chroniqueur dont la plume aurait dut se limiter à noircir les journaux de ses avis d’obsèques.
Harnaché de son acharnement à vouloir devenir, il s’estourbit de mots, les imposant aux autres, crachant au bassinet des auteurs reconnus, sa prétention n’a d’égale que la médiocrité de sa piètre existence.
Combattant dans l’excès de l’instant ce que l’avenir le surprend à défendre, il est une insulte pour les plus vils sentiments. Tartuffe de l’adultère autant que de l’opportunisme, Barbey se veut le juge d’une époque à travers ses pitoyables sentences.
D’aurevilly, ce dandy catholique aurait à notre époque fait le bonheur certain des messes cathodiques les plus abjectes dans lesquelles une jeunesse en quête de légitimité vient brailler son désarroi.
Conscient que ma franchise m’emporte vers la perte de celle que j’aime le plus au monde, anticipant la foudre de tes yeux et le fouet de tes mots, je me punis d’avance en proférant ma propre sentence. J’annonce l’épitaphe que tu prendras plaisir à graver de tes mains sur le caveau de mon cœur :
« Ci-git la prose vilaine d’un ignorant, ayant nourris la prétention d’abattre un géant ».
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Style : Pensée | Par Baal | Voir tous ses textes | Visite : 582
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Commentaires :
pseudo : Karoloth
Fichtre! Je n'aimerais pas être ta cible! Dommage, Barbey d'Aurevilly n'est plus là pour répondre à ta prose. En tout cas quel style. cdc.
pseudo : Baal
Merci Karoloth... Il n'est plus là mais possède encore d'ardents défenseur dont celle que j'aime en l'occurence...En tout cas, encore merci pour tes encouragements.@ bientôt j'espère.
pseudo : BAMBE
Excellent! Quelle verve, quel talent! Bravo et CoupDeCoeur
pseudo : Baal
Merci Bambe...
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