J’ai retrouvé sa boîte à bijoux. Aussitôt, et comme à chaque fois que je trouve un objet qui lui appartenait, des tas de souvenirs me submergent.

Un jour, en rentrant de l’école, elle m’avait dit qu’une surprise m’attendait à la maison. Comme le jour du carnaval était proche, je savais ce que cette fameuse surprise allait être. Une fois arrivées, c’était bien ça. Un magnifique costume de Minnie, parce que mon amoureux se déguisait en Mickey. Elle s’était arrangée avec sa mère pour que nos costumes correspondent. J’avais cinq ans.

Un an plus tard, alors que j’étais dans l’âge où les grosses bêtises sont quotidiennes, je ne savais pas quoi faire malgré une journée très ensoleillée. J’étais alors sortie pour jouer dans le jardin. Je me suis dirigée vers l’étendoir, je me suis accrochée à la corde pour essayer de faire des tractions. J’avais vu ça à la télévision. Des hommes extrêmement forts faisaient ça, ils s’accrochaient à des barres de fer et ils montaient et descendaient à la seule force de leurs bras. J’ai tenté de faire la même chose, mais je n’étais pas assez forte, et la corde, fragile et fine, s’effondra sous mon poids. Tout le linge propre se retrouva à terre. Pour ne pas me faire gronder, je lui ai dit que c’était mon petit frère qui l’avait cassée. Mais elle avait appris la vérité, et me punit pour avoir menti.

Lorsque j’avais sept ans, elle était venue m’aider à prendre ma douche. Je n’en voyais pas l’intérêt, puisque je savais déjà me laver seule depuis un bon moment. Elle me semblait triste. Elle m’annonça que mon père et elle ne s’aimaient plus, et qu’ils allaient se séparer.

Un souvenir bien plus horrible revînt à mon esprit. Je jetais la boîte de toutes mes forces contre le mur.

Le 21 juin 2002, tout le monde devait y aller, et mes proches souhaitaient que j’y aille moi aussi. J’y suis entrée. Pour la voir une dernière fois, comme ils me disaient tous. Elle était là, dans son cercueil. La mort semblait paisible. Elle souriait.