Avant de partir, je me suis retournée une dernière fois.

J’avais décidé de tout abandonné. J’avais construit une vie. J’avais un mari et une garçon. J’avais un travail qui me plaisait. J’avais eu la chance de me diriger vers ce qui me faisait envie.

Mais cette envie s’était un jour envolée. Ma vie ne me correspondait plus. Ce n’était pas suffisant d’avoir une famille. Ce n’était pas suffisant de faire ce que je souhaitais. Il me fallait quelque chose de plus. Je voulais me sentir vivante. Vivante et libre.

C’est ainsi qu’un matin qui me semblait ordinaire, je me suis réveillée changée. Je ne sais pas comment ni pourquoi ce changement s’est fait en moi, mais il a eu lieu. Soudain, je me sentais vide, inutile.

Je pense que la routine m’a agacée. Se lever, aller travailler, rentrer, se coucher. Le temps passait et pourtant, tous les jours semblaient les mêmes. Un perpétuel recommencement. Mais ce n’est pas ce que j’avais prédit. Ce n’était pas cette vie-là dont j’avais rêvé. Mais en ce moment-même, sans raison apparente, j’avais une impression horrible d’étouffement. Cela vous prend à la gorge et vous paralyse les membres. Voilà ce que je ressentais.

Malgré tout, je me disais qu’il était impossible de faire ce à quoi j’étais en train de penser. Je n’avais qu’une seule envie : partir. M’enfuir à tout jamais. Fuir cette vie qui m’oppressait.

C’est ainsi que je me suis retrouvée devant ce port. J’avais toujours voulu voyager. Le moment était venu. J’avais mis du temps à me décider, mais j’étais finalement partie. Sans un mot. Rien du tout. Oui, bien évidemment, cela était très égoïste de ma part. Laisser son mari, et surtout son enfant, sans aucune explication. Mais j’ai toujours fait passer le bonheur des autres avant le mien. Il était temps de penser à moi, et à moi seulement.

Avant de partir, je me suis retournée une dernière fois. Je me suis avancée. J’ai mit mes pieds au bord du pont. Et j’ai sauté. Je me suis envolée.