Une vision de l' enfer:

Il existe un endroit inconnu, que personne ne peut situer ni sur terre ni dans l' univers. Un endroit voué à la violence et la barbarie, une sorte d' arêne gigantesque où l' air est saturé en souffre et le ciel reflète les couleurs de la souffrance. Un endroit finalement étroitement lié à la terre puisque chaque bourreau, chaque meurtrier et assassin, chaque dictateur, chaque terroriste... se retrouve catapulté dans cette arêne à l' heure de sa mort terrestre, condamné à se battre avec ses semblables pour l' éternité.

Les nouveaux arrivants arrivent dans un chariot de feu et sont éjectés au milieu de la bataile éternelle. Autour d' eux s' étend un univers de ruines, gravats et fumées. Le sang visqueux et noir recouvre tout, une mélasse à l' odeur tenace où pataugent cinglés de la gachette et tueurs en touts genres. Chaque corps éventré, touché à mort, souffre juste le temps qu' il faut avant de se reconstituer et de se battre à nouveau, toute une immortalité de souffrance.

Tripes et boyaux s' envolent dans les vapeurs de souffre pour l' éternité, autant que les artères et les membres s' arrachent à perpétuité.

Des soldats aux gorges tranchées canardent sans sciller derrière des mitrailleuses inépuisables, des fous balafrés courent comme des dératés brandissants des couteaux de cuisines ensanglantés, des tarés en lambeaux lèvent les bras au ciel une ceinture d' explosif autour de la taille, des obus pilonent sans relache se monde maudit, tirés par des corps méconnaissables qui se marent et pleurent à la foi.

Une guerre sans trèves et sans raisons, juste le fait que pour une fois les tueurs soient les tués et les tués les tueurs.

Dans les sous sols de ce monde sanguinaire repose une fleur flétrie que protège une cloche de verre, une sorte de baromètre de la paix sur terre. A chaque fois qu' un conflit prend fin une pétale pousse, à chaque fois qu' une guerre éclate une pétale tombe.

Le chariot de feu ammène de plus en plus de nouveaux arrivants, de nouveaux accros au sang et à la chair humaine. L' arêne est surchargée et ressemble à une immense bataille au corps à corps où l' hémoglobine clabousse sur les armes et glougloute dans les gorges tailladées. L' évènement est proportionnel, sur terre aussi meurtriers, assassins, terroristes... sont de plus en plus nombreux.

Aucun espoir se profile pour nous terriens, pour nous mortels, cette foutue fleur dans le sous-sol de l' enfer pleure des pétales flétries avant d' avoir écloses.

M.A