Ce n’était que des espérances. Des Espérances, des Avances, des Chances, tout en majuscule.
J’y croyais. Même si je n’avais rien en retour, j’y croyais. Du moins, je voulais y croire.
Et puis la Distance. La pire de toutes.
Un message d’envoyé, alors qu’on y croyait encore.
Une réponse, dont on ne verra jamais la couleur.
On s’imagine alors que ce manque d’attention est par Indifférence. Quelle erreur ...
On pense trouver mieux ailleurs. On trouve plus simple, plus rapide, moins triste.
Et alors on aime. On aime une nouvelle personne, un nouvel homme, déçue du dernier. On l’aime dès la première approche. On l’aime tellement que celui en qui on avait posé toute sa Confiance s’efface, s’estompe, jusqu’à disparaître complètement de notre Conscience.
On vit alors notre vie, avec ses hauts et ses bas, son bonheur. On l’entretient, et on se rappelle alors de ce jeune homme. On s’en souvient comme un ami. On a une soudaine envie de le revoir.
On reprend contact, on se parle par téléphone, et finalement on se fixe un rendez-vous.
Le jour dit, on attend sur un banc dans une ville, au milieu des gens. On imagine tous les scénarios possibles de nos retrouvailles, grandes effusions, ou bien juste quelques paroles. Le soleil d’une fin d’après midi éblouit les dalles, les fontaines. On est inquiète. On est anxieuse.
Et là, Il apparaît. Soudainement. Ses cheveux ont poussé, mais il n’a pas changé. Le même sourire. Cette même lueur dans le regard. Il arrive devant, juste devant ce banc, dans cette ville, la fin d’un après midi. On se lève. On tire une dernière bouffée de cette cigarette qui s’est consumée si rapidement pendant l’attente interminable. On la jette. On avance d’un pas. Yeux dans les yeux. Salutations qui se veulent agréables. On s’assoit sur ce banc. On ne sait pas quoi dire, tous ces discours préparés semblent n’avoir jamais existé. Quelques mots vides de sens. On se lève. On se met devant Lui, qui est resté assis. On le regarde. Ses yeux bruns attendent quelque chose. Cela fait des mois qu’ils attendent. On s’avance un peu, et finalement, on le prend dans ses bras. Maladroitement. Presque ridiculement.
On desserre notre étreinte. On prend des nouvelles, les cours, les amis…
Notre conversation semble tellement inutile. On ne fait que tourner autour du pot.
L’heure écoulée, il est temps de séparer, parce que l’Autre ne va pas tarder à arriver, lui et sa cécité. On Lui dit au revoir, le plus chaleureusement possible. Un dernier sourire, un dernier geste. On aimerait Le sentir contre soi, encore une fois, une dernière fois. Seulement, le regard de l’Autre nous empêche quoi que ce soit. On lui dit une deuxième fois au revoir, juste pour sentir ses joues mal voire pas du tout rasées contre les siennes.
Un dernier regard.
On monte dans cette voiture qui nous emmènera loin de Lui. On regarde l’Autre. On lui dit qu’on l’aime, alors qu’on n’a jamais ressenti aussi peu d’amour pour lui.
Une question. Une seule.
« C’était qui ? »
Un ami. Juste un ami.
On apprend un peu plus tard, qu’Il avait répondu à la demande implicitement marquée dans un message, alors que nous étions à plusieurs centaines de kilomètres l’un de l’autre.
Une réponse positive. Une réponse qu’Il avait longuement hésitée à envoyer. Une réponse qu’il avait finalement expédiée quelques jours plus tard. Une réponse qui expliquait sa volonté de me suivre. Une promesse. Un espoir fou. Et sa déception. Lorsqu’il apprit, à mon retour, qu’un Autre avait pris sa place. Et sa déception. Lorsqu’il apprit que je n’avais jamais reçu son message. Et sa tristesse. Et son attente. Plusieurs mois, déjà, qu’Il attendait. Il attendait des explications, des nouvelles, n’osant pas en prendre. Quand il avait vu mon prénom sur son téléphone trois mois plus tard, il s’était empressé d’y répondre. Favorablement. Trois mois qu’Il se posait la même question tous les soirs, toujours la même phrase, toujours le même mot, avec le point d’interrogation en suspens.
« Pourquoi ? »
Il allait enfin avoir sa réponse. Il l’avait eu. Ses yeux pétillent encore de m’avoir revue.
Ses sentiments, effacés pendant des semaines, reviennent multipliés par dix, cent, mille. Il en est fou. Fol amoureux. Il avait attendu tout ce temps, uniquement pour avoir une chance de croiser ce regard, dans lequel il plongeait si facilement. Il m’aime. Et sait que je l’aime en retour.
Il m’attendra. Il m’attendra toute une vie s’il le fallait.
Il m’attendra.
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Style : Pensée | Par Chrysalis | Voir tous ses textes | Visite : 618
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Commentaires :
pseudo : Ombres et lumières, une vie
Remarquable précocité. Cdc
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