Place Mohammed 5.J'ai 3 ans. Je porte mon manteau marron-beige. J'ai les cheveux soyeux et bouclés, et je ressemble à un japonais quand je ris. Quand ma mère me laisse courir dans la place, je sens que je vole. La grande fontaine lance de l'eau au ciel. Je m'imagine au sommet du jet, tendant la main pour caresser le soleil. Que c'est beau d'être un enfant ! On ne voit que le moment présent, sans se soucier du futur, ni regretter le passé. On est là, on est le monde.
Tout autour, les pigeons picorent. Blancs, bleus, marrons, ils dessinent un tableau mouvant sur le sol. De leur marche artistique, la tête danse comme s'ils avaient le rythme dans la peau. Je me nourris de ce souffle et court aussi dans tous les sens. Je ris à pleins poumons, me joignant à l'euphorie ambiante. Partout sur la place, d'autres enfants entrent dans le bal. Parmi eux il y a peut-être toi, si tu as eu la chance de jouer là-bas.
Pour attirer les pigeons, on va demander amoureusement un dirham à ses parents, pour acheter du maïs au marchand ambulant. Eh oui, beaucoup de gens survivent de peu. On prend le sachet, on le tord, on le mord, on a envie de pleurer. Finalement, on le donne à maman. Elle l'ouvre facilement. Et là, c'est la fête ! On prend une grosse poignée de nos petites mains, on jette le tout en l'air. Le temps se ralentit. Les pigeons commencent par s'envoler d'instinct. Puis ils se reposent pour prendre d'assaut le buffet. Là, je m'assois, les regarde manger, je jette un coup d'œil à mes parents, et esquisse un sourire japonais. Il en fallait de peu pour être heureux !
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Style : Pensée | Par chaoukisaad | Voir tous ses textes | Visite : 549
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