Mémoire d'une pensée épuisée par le savoir

Usée par la réflexion, immunisée par le savoir, protégée par la foi, préservée par la bénédiction, motivée par la curiosité, dirigée par l’objectivité, et présidée par la vertu, la pensée continue à diffuser sa lumière à travers l’information acquise pour chasser cette obscurité, engagée par l’ignorance et apte à freiner le mouvement de cette intelligence qui s’est imposée par son exploit, sa sagesse, et son triomphe.

Soutenue par un moral positif et croissant, armée de la confiance et de la conviction, alimentée par la cohérence et la rigueur, l’âme poursuit son voyage en projetant la connaissance abstraite à l’intérieur de cette dimension matérielle afin de justifier son existence et participer à l’élaboration de l’édifice du temple de la science pour méditer l’infaillibilité à travers la réflexion.

Poursuivie par le sentiment de l’extinction, réducteur de l’intensité de cette motivation, le courant de la pensée positive ne succombe pas à cette contrainte sentimentale, et engage sa conviction spirituelle et transcendantale pour transformer cette sensation négative en énergie positive, qui propulse davantage la volonté vers l’exercice à travers la récompense promise par le créateur de la réflexion.

Puis-je me débarrasser de cette plume déterminée à chanter ma joie pendant les moments heureux et pleurer ma tristesse pendant les moments douloureux ?

Cela est inévitable, c’est grâce à cet appareil d’écriture  que je subsiste et je résiste  aux différentes tempêtes venant nous cacher la lueur blanche de l’aube à travers le défilement de ces vagues noires transportant les impuretés qui viennent témoigner les dommages causés à ce laboratoire naturel et pleurer l’agression contre cette innocence  sans défense .

Ai-je la permission ou le droit d’engager cette énergie neuronale uniquement pour d’écrire mon moi, ou c’est un refus pour oublier la défaite scientifique et compenser cette dernière à travers le savoir acquis de ma propre école ?

Pendant plus de vingt sept ans je n’ai jamais cessé de faire interagir tout un spectre de verbes entre eux, observer, réfléchir, manipuler, enregistrer, calculer, tracer, extrapoler, remarquer, brancher, établir, déduire… Je m’évade de temps en temps de cette confrontation directe avec la manifestation matérielle, pour revenir vers la manifestation sentimentale afin de maintenir l’équilibre entre la pensée et la matière à travers l’énergie sentimentale.

Je me réfère à l’écrit, chaque fois que je sens la présence de cet excès d’énergie sentimentale, qui actionne simultanément ma réflexion et mon outil d’écriture pour extérioriser ce supplément d’énergie et mettre en valeur le produit de l’interaction des particules grises.

Etant colonisé par cette fortune de termes scientifique, je suis devenu esclave de ce langage scientifique qui me poursuit dans mes écrits pour imposer le rationnel et l’objectivisme afin de respecter les normes de cette pensée sentimentale sans transgresser la liberté et l’indépendance de la réflexion.

La pensée gouvernée par sa majesté la science, attire dans ses discours les esprits convergents vers l’expression de l’inconnu pour quantifier l’infini, comprendre et expliquer l’hyper compliqué.

N’est-il pas absurde ou ridicule d’utiliser toute une pluie de liquide noir, uniquement pour exprimer toujours la même chose, avec presque les mêmes termes, sans changer de style d’écriture, suis-je peut être obsédé ou possédé par le terme « pensée » ou bien je cherche encore une fois  à mettre en démonstration une autocritique pleine de modestie en s’appuyant sur la vertu de l’infériorité pour accéder au rang de la vertu du savoir.