Mai 2003

« Petite fille à quoi tu rêves ? Tes yeux sont fixés sur des pensées trop lointaines. Reviens vers moi. Si tu t’en vas si loin, personne ne sait si tu pourras faire demi-tour. Elle est partie maintenant, il faut tourner la page. Petite fille, regarde-moi, moi je suis là pour toi. Fais un effort, tu me verras. Voilà c’est mieux comme ça, mon cœur. Mais non, ne pleure pas. Elle vit encore en nous, tu sais, il faut croire en ces choses-là. Je sais que c’est dur, je t’assure que je le sais. Ça fait mal de devoir grandir si vite, je t’aiderai, je te le promets. Sèche tes larmes mon ange. »

Ah ! si seulement quelqu’un avait pu me dire ça quand Alys est partie. Elle a traversé le miroir, à jamais. Et moi, maintenant, j’ai mal à en mourir. Un an déjà. On m’avait promis que le temps m’aiderait à effacer cette douleur sauvage. Mais elle est tenace. La mauvaise herbe ne meurt jamais, elle. Mais il ne faut pas se plaindre, il faut être forte. Qui peut comprendre ? Je refuse les regards de pitié malsaine, alors on croit que je n’ai pas besoin d’aide et de soutien… Je ne tiens plus debout, je tremble et je tombe. Je l’aimais. Il faut me comprendre. J’ai eu la chance de croiser  un ange, et Dieu l’a rappelé. Et maintenant je tourne des pages blanches, vides de sens et c’est à moi d’écrire ma propre histoire. Mais ma muse est morte ! Alors je ne peux plus rien. Je suis asphyxiée, j’étouffe et ma douleur pleure à l’intérieur.