La réalité… Elle, qui chaque jour, impose son heureux ou triste sort à chaque être sur cette terre. Rien n’y fait, nous devons nous y résoudre et l’accepter telle qu’elle est, aussi impitoyable soit-elle. Moi, je ne l’acceptais pas. M’enfermant peu à peu chaque jour dans ma propre réalité virtuelle. Une réalité auxiliaire forgée par mon propre esprit qui peu à peu s’installait et prenait place, me détruisant de l’intérieur m’écartant ainsi du monde considéré comme « réel ».

Vous noterez que je parle en terme de considération. Tout simplement que j’ai au fur et à mesure perdu la notion de la réalité. Peut-être que vous, parcourant ces lignes, êtes assis en ce moment dans un train, un taxi, un bus vous conduisant au lycée, au travail voir en vacances. Vous êtes quelqu’un avec vos soucis, vos joies, vos peines. Votre établissement scolaire vous donne l’impression de suffoquer et l’idée de vous lever demain matin à 7H pour prendre ce fichu train, dans le seul but de vous retrouver toute la journée sur une chaise inconfortable au possible vous file le cafard. Ou peut-être que votre employeur qui vous insupporte vient une énième fois ressasser la même rengaine quotidienne, alors vous attendez patiemment la fin de la journée pour enfin rentrer chez vous et suivre votre train-train habituel, tout en sachant que le lendemain matin votre réveil sonnera pour vous annoncer le retour à votre « réalité ». 

Vous considérez sûrement ces scénarios de vie comme pessimistes. Surtout si vous êtes dans une phase d’idylle euphorisante, ayant enfin eu votre augmentation, Votre rendu de notes étant à la hauteur de vos espérances ou que tout simplement vous aimez votre vie et que vous ne l’échangerez avec personne et pour rien au monde ! Mais là encore, c’est votre « réalité ». Ce sont vos victoires et vos défaites. Vous pleurez, aimez, enragez, communiquez… Et malgré, les adversités vous vivez.  Moi, Je ne vis plus.

Mon combat n’est plus dans le monde qui vous accueille tous les jours et où vous cherchez vos solutions, vos débats et exorcisez vos angoisses. Je me bats intérieurement chaque matin, chaque midi, chaque soir cherchant en vain une réponse à ma question : « Où vais-je ? ».

La ligne de conduite imaginaire de la vie qui nous conduit finalement tous quelque part, qu’il soit enfer ou paradis, a été doucement et scrupuleusement rongée par ce démon intérieur logé au fond de mon esprit, présent depuis si longtemps mais préférant ne se montrer qu’au moment opportun lorsque que son travail sur moi serait terminé laissant ainsi éclater sa véritable nature. Ce jour arriva donc, ce jour fatidique où il eu terminé d’entamer ma ligne personnelle me laissant ainsi seul au milieu de ce monde grouillant de milliards d’entre elles cherchant en vain à renouer la mienne, d’une quelconque manière, dans le seul but de poursuivre ma propre marche. Mais elle s’arrêta net me laissant seul et perdu, prostré ainsi sans avoir la possibilité de me mouver à défaut de me perdre dans les méandres de ce monde. Ce jour fût le début de ce que j’appelle la : « perte de Ma Réalité ». Mes sentiments, joies ou peines, mes envies, mes ambitions s’envolant un peu chaque jour et m’éloignant au fur et à mesure un peu plus de Ma Réalité me plongeant dans un combat intérieur dans le dédale sans fin de mon esprit.

J’aime citer Otto Rank, un psychologue et psychanalyste d’origine autrichienne qui déclara :  « Ce que nous accomplissons à l'intérieur modifie la réalité extérieure. » Car bien que nous ayons notre réalité propre, l’Homme discerne la réalité, il la comprend. Une réalité qui est sa portée, une réalité palpable et matérielle où subsiste des éléments auxquels l’ensemble de la population peut s’attacher. Dans mon cas, je ne suis plus sûr que le monde qui m’entoure appartient au réel. Alors je m’efforce de chercher la réponse au fond de moi pour tenter de ne pas sombrer vers la démence totale, ayant perdu toute raison, perdu tous les fragments de Ma Réalité…