C’est l’histoire d’un chien, sûr de sa force et de sa puissance.. Ce chien rencontre un chat. A priori le rapport des forces en présence est en faveur du chien. Le chien est gros et fort, le chat petit et faible. Le chien donc, qui n’est pas du genre à remettre en cause l’ordre des choses établi, entreprend de poursuivre le chat. Ne faisant que répondre à l’ordre qu’il estime être naturel, il désire signifier, marquer dans le temps et l’espace, cet avantage octroyé par la nature et faire sentir au chat toute la puissance de sa domination. Le chat lui, ne se bat que pour une unique chose, la seule valeur assez digne à ses yeux pour justifier l’engagement de son intégrité physique et celle d’autrui : sa survie. Il n’a que faire des aspirations fantasmagoriques du chien, seul lui importe sa survie et celle des siens. Il décide de fuir. Le chien devant cette fuite, se sent conforté dans sa vision du monde. J’ai été fait plus fort que lui, je suis plus fort que lui, il fuit. Cela aurait pu être la morale finale de cette histoire. Oui cela aurait pu…si le chien ne s’était pas évertué à pousser plus loin la poursuite. Confondant sagesse et faiblesse, il n’a pas su voir en l’autre l‘égale de sa vie. Commence donc la chasse, il poursuit le chat et le chat toujours fuit. Advient ce qui devait advenir, le chien accule le chat et cette fois, aucune possibilité de fuite ne s’offre à celui-ci . Le chat comprend sa situation, tout ses efforts pour faire entendre au chien son refus de violence ont été vains. Il sait que le chien va, d’un moment à l’autre, se jeter et se déchaîner sur lui, perpétuant par là même un cycle de violence et de domination qu’il croit à jamais établi. Deux choix s’ouvrent alors à lui : s’user les griffes en tentant vainement de s’échapper pour finalement être mis en pièces ou, user de ces mêmes griffes pour faire front et si ce n’est réussir à s’enfuir, au moins chèrement vendre sa peau. Il opte pour le second, le plus dur diraient certains, le seul si on respecte sa vie, la vie. Le chien est prêt à bondir et terminer ce qu‘il a entamé, pensant attaquer par derrière une proie qui avait fait sien l‘art de la fuite, il est soudainement pris d’un doute. Ce chat qui ne s’enfuit plus, s’est même retourné, a sorti ses griffes et montrent désormais tous ses crocs de manière belliqueuse, le menacerait-il? Non, j’ai été fait plus fort, je suis plus fort, tel va le monde. Mais d’où lui vient au juste cette force puisque il n’a, jusqu’à présent jamais pu l’exercer sur ce chat. Somme toute, il n’a fait que menacer de l’exercice de cette puissance en le poursuivant. Il faudrait qu’il se soit lui-même déjà retrouvé dans pareille situation pour être totalement libéré de ce doute. Il le sait, il va falloir lutter, lui qui n’a jamais que poursuivi. Mais il est trop tard, déjà les bourgeons de la crainte fleurissent des graines du doute. Connaîtrait-il la peur? Pour la première fois de sa vie, il ne voit plus l’évidence de sa place au rang naturel, cette brusque hésitation, aussi fugace fut-elle, aurait-t-elle réussi à le submerger? Ses certitudes vacillent. Inimaginable, il ne peut avoir peur. Alors pourquoi penser à rebrousser chemin et à jamais, d’indélébile honte, tâcher l’honneur de son espèce? Il est temps, il a forcé le chat a faire un choix, il doit à présent faire le sien. Morale: On se demandera: « Le chien est-il resté ou est-il parti? S’il est resté, a-t-il vaincu ou est-ce le chat qui l’a miraculeusement emporté? Là n’est pas le sujet. Le chat ne fuit plus.
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Style : Nouvelle | Par Afrigal Le Namadhis | Voir tous ses textes | Visite : 404
Coup de cœur : 12 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : BAMBE
Génialement et terriblement vu et retranscrit, merci pour cette histoire pleine d’ouvertures et coup de coeur!
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