Guitou,
Dimanche dernier je végétais sous les couvertures, tête bien calée dans l’oreiller, pieds au chaud et caleçons enfoncés jusqu’aux oreilles. Je me sentais comme un panda un jour de carnaval et alors que je pensais atteindre le zen intérieur, des bruits se firent entendre dans la cuisine. Ce qui n’apparaissait être qu’un vulgaire cambrioleur, prit vite la forme d’une forme, d’une entité, bien moins apaisante : « Ma compagne ».
Tu peux toujours négocier avec un cambrioleur. Tu lèves les bras, il te pique tout et tu peux retourner à ta petite sieste. Mais avec Fanny rien de tout ça n’est possible, aucune négociation. Elle venait de décider qu’elle ne pouvait plus vivre dans un appartement où les tuyaux de canalisations n’étaient pas récurés à fond.
Elle rangeait la cuisine dans un boucan digne d’une fanfare d’hippodrome. En moins de deux elle avait tout rangé, m’avait douché, habillé et trainé au parc de la Tête d’Or pour y voir des animaux.
Ce zoo abrite le pire ramassis de bestiaux qu’il m’ait été donné de voir, tous les rebus des autres parcs sont amenés ici.
Il y avait, entre autre, un tigre fatigué, trois singes et les deux labradors du directeur déguisés en lion. Tu aurais dû voir les éléphants ! Ils ne devaient pas peser plus de cinquante kilos chacun et avaient l’allure de mon oncle Ted, dépressif et grand perdant des tables de jeux.
Le tigre refusait de se lever ; à chacune de ses tentatives, il s’écroulait aussi sec et crachait ses poumons. Ensuite nous avons acheté deux gaufres et un soda (11 euros), trois posters représentant des ragondins (10 euros) et dans un élan d’amour pour les bêtes, Fanny a insisté pour que je refile vingt-cinq billets à une association de défense des Cétacés en mer de Chine.
De retour dans le centre ville nous avons dîné chez « Joe fruits de mer » (57 euros) et fini au Gaumont devant un film avec Tomer Sisley où j’ai pu rattraper mes heures de sommeil (17 euros).
J’imaginais que cette soirée allait finir sur une note conjugale positive, mais c’était sans compter sur la quête pour les bonnes œuvres que madame devait faire le matin très tôt avec sa vieille tante.
J’ai donc fini tout seul, tel un vieux chimpanzé, croquant les cacahuètes du salon et sirotant un kir sur mon canapé.
J’ai lu un passage de « Sanctuaire » de Faulkner, c’est fichtrement bien écrit mais tous les personnages s’appellent pareil, Goodwin ou Godvin ,ce qui m’embrouille complètement.
Cette journée a été très lucrative pour le zoo et pour les commerces de la ville, mais si une autre de ce type se profile dans la semaine, je te prierai de bien vouloir venir mettre fin à mes souffrances.
Bien à toi,
JB
PS : Pour le final, fais ça vite…je ne supporte pas la vue du sang…surtout du mien.
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Style : Nouvelle | Par ponsh | Voir tous ses textes | Visite : 357
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Commentaires :
pseudo : bleu indigo
Je me suis délectée en lisant ton texte ponsh, J'ADORE ta façon d'écrire. J'ai même éclaté de rire en t'imaginant les caleçons enfoncés jusqu'aux oreilles :-) tu dois être un panda plein d'humour!!!!!!!!!!!!!(je vois que tu es dans la liste des nouveaux auteurs..alors j'en profite pour te souhaiter la bienvenue parmi nous)
pseudo : BAMBE
Je découvre et bing! C'est un super moment de lecture, merci de nous avoir invités à une si souriante journée. Ca fera combien au fait? Et bienvenue sur MYTEXTE. Coup de coeur.
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