Suicide

par Pooxy

La mort est-elle la solution ? La solution quand nous pensons que notre vie n’est rien, que nous ne faisons rien de bien, que nous sommes vides de l’intérieur ? Que nous stressons au fur et à mesure que nous vivons, chaque secondes est un poids qui s’ajoute sur notre cœur. Le fait de se dire que nous ne sommes rien et que tout le monde nous rejette signifie que nous devons en finir ?

C’est la question que je me suis maintes fois posé, c’est la question que je n’ai pas encore élucidé. J’ai pourtant tout essayé : l’internet, les bouquins, la religion, mais je ne trouve pas de réponse. Y’a-t-il une vie après la mort ? Ou est-ce que ce n’est que le néant, le vide éternel ? Ou alors, est-ce que nous renaîtrons dans un nouveau corps ? Irons-nous en enfer et brûleront-nous pour l’éternité ?

Le mystère reste absolu, mais je vais le découvrir.

Je n’ai plus rien à attendre de la vie que je mène, il est temps d’en finir une bonne fois pour toute, de toute cette souffrance. Le moyen que j’ai choisi est la pendaison, tout simplement car je trouve que c’est le moyen le plus simple à utiliser pour un homme faible comme moi. Certes, j’ai peur de la mort, j’ai peur de mourir étouffé. Mais j’ai encore plus peur de vivre, de voir le regard des autres se poser sur moi et ce dire « Mon dieu qu’il a l’air triste, on dirait un macabre ! ».

Un bon nœud, c’est ce que je sais faire, c’est la seule chose bien que je sais faire. Je place la chaise en-dessous de la corde qui me sera fatale. Est-ce que j’écris un mot ? Une lettre ou quelque chose qui pourrait un temps soit peu expliquer la raison de mon acte ? Non. Pas la peine, personne ne s’embêterait à la lire, mise à part la police, qui, en concluant au simple suicide la jetterai au papier.

Je pleure un bon coup, je vide mon corps de toutes ses larmes qui se sont accumulées jours après jours.

C’est le moment. Je monte sur la chaise, mon cœur bat la chamade, sans doute la peur de l’inconnue. Je passe ma tête dans le nœud coulissant, qui, avec la pression de mon poids, se refermera sur ma gorge et m’enlèvera la vie. Je regarde une dernière fois la pièce dans laquelle je passe à l’acte. C’est ma chambre, l’endroit dans lequel j’ai le plus pleuré, dans lequel j’ai le plus passé mon temps à souffrir de l’intérieur et à me torturer l’esprit.

Je prends une dernière et grande inspiration, puis je fais tomber la chaise sur laquelle je suis en équilibre en donnant une petite secousse. Je chute, le nœud se resserre de suite sur ma gorge, je sens mon sang bouillonné dans ma tête, je ne peux plus respirer. Durant une dizaine de secondes, je « vois ma vie défiler devant moi » comme on dit. La dernière phrase à laquelle je pense, c’est « Pourquoi ai-je fais ça ? ». Mon corps s’engourdit, ma vision devient de plus en plus sombre. Ma tête va exploser, je serre les poings. Puis me voilà en train de relâcher tous mes muscles, mes poings se desserrent lentement, ma vision est complètement noire, mes pensées s’embrouillent, je ne sens plus mon corps.

Je suis mort.

Rien ne se passe, je ressens un grand sentiment de solitude comme je ne l’avais jamais connu. Où se trouve le fameux tunnel décrit par les personnes mortes cliniquement ? Où se trouve le paradis de Dieu ? Où se trouve la nouvelle vie après la mort dont tout le monde espère l’existence ?

Je suis dans le noir, seul… et cela depuis 47 ans.

Johann Von Siehen - 1945 – 1962

FIN