Vide de moi…
La nuit n’a plus d’emprise sur moi, je ferme les yeux, et alors je suis la nuit, je suis chaque planète, chaque étoile, chaque galaxie. Je suis cet infini de matière, mais aussi ce vide. Un vide profond, un manque, symbole d’une non-existence. Je suis la complexité même pourtant, un amas gigantesques d’atomes tous présents pour un même but. Pour moi. Pour que « je » aie un sens. Et quel sens ? Que suis-je face au reste ? Que puis-je construire, d’utile, ou de désastreux, qui me donne de l’importance ? Que puis-je faire pour changer ma société, bouleverser le ballet des astres dans les cieux, marquer l’univers ? Et quand bien même j’y parviendrais, quelle importance ? Les choses iraient peut-être différemment, certaines forces se seraient sûrement inversées, mais quel intérêt ? Un caillou me regarderait toujours avec la même indifférence. Le grain de poussière me passerait devant sans m’apercevoir, jusqu’à ce que je le rejoigne dans sa course infinie.
Je ne suis rien. Un amas de vide, de néant, et d’un peu d’on ne sait quoi. De manque sûrement. Comment savoir ? Comment cette inconsistance peut-il me faire penser ? Et puis, après tout, est-ce que je pense vraiment ? J’en doute parfois. Est-ce que j’aime ? Me dire que chaque parcelle de moi, chaque mouvement, chaque sentiment sont les fruits de ce vide me révolte au plus profond de mon être. Me dire que cette simple pensée, à peine formulée, à peine retranscrite sur cet écran n’est que du vide, me fait douter de son existence. Des milliards de connexions cérébrales. Du rien, et pourtant une infinité de possibles. Ma mémoire, mes peurs, mes envies, idoine. Serais-je à la fois cet infini et cette nullité ? Voilà que mon intelligence marque ces limites. Donc j’ai des limites. Donc rien n’a de limites. Donc le néant est infini. Douloureux paradoxe. Je m’incline.
A quoi bon vivre, alors? Pourquoi souffrir, si la douleur n’est rien. Oublions, oublions ces chaînes qui nous retiennent. Donnons à ce potentiel illimité qui est en nous, un potentiel issu du néant le plus total, une chance, même infime, de s’exprimer. Écoutons-nous si c’est pour mourir. Sondons ce vide, laissons s’épanouir cette fleur des possibles, nourrissons, la, chérissons la, et un jour, peut-être, nous saurons nous comprendre, et nous apprécier. Avec périodes de plénitude, et nos passages à vide.
« L’amour se doit d’être le vide le plus plein ! »
« Si les questions avaient consistance, le vide serait plein »
Dark-fate
« L'amour est vide d'ego L'ego est vide d'amour. »
Sathya Sai Baba
« Il est doux de se croire malheureux, quand on n'est que vide et ennuyé. »
Alfred de Musset -Extrait de La Confession d'un enfant du siècle
« Erudition. Poussière tombant d'un livre dans un crâne vide. »
Ambrose Bierce - Extrait de Le dictionnaire du Diable
« Quand mon verre est vide, je le plains ; quand mon verre est plein, je le vide. »
Raoul Ponchon
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Style : Réflexion | Par dark-fate | Voir tous ses textes | Visite : 368
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Commentaires :
pseudo : tournesol
Il est peut etre là le probleme de tout... Savoir qui nous sommes réellement... Texte tellement bien écrit. J'aime!!
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