*
***
*****
A l'envers
******
***
*
On ne sait ni pourquoi, ni avec précision,
Où, quand et comment naquit la déraison.
On en parla bien tôt dans la télévision,
On en fit des articles et aussi des chansons.
Le monde était saisi, comme pris d'aliénation,
Et il donnait à voir une singulière vision;
S'envolaient à l'envers et en nuées les pigeons
Et les gens médusés marchaient à reculons.
Les cours d'eau enfiévrés remontaient vers l'amont
Et c'est en marche arrière que roulaient les camions.
La souris par le chat était régurgitée
Puis le rongeur fuyait à petits pas feutrés,
Devançant la moustache du terrible félidé,
Sous le regard perçant d'une pie amusée.
D'un coup, se redressait le grand sapin tombé
Et le gazon coupé redevenait un pré.
Destinées à sortir, des choses déboussolées,
Fi des lois de Nature, se mettaient à entrer.
Retournaient dans les limbes les bébés à peine nés,
Revenaient à la vie les personnes décédées.
L'origine de la chose demeurait un mystère
Et durait dans le temps à l'échelle calendaire.
Le phénomène touchait la surface de la terre
Mais aussi les poissons et le reste de la mer,
Les oiseaux, les moucherons, ce qui vit dans les airs
Mais aussi on le dit ce qui fait les enfers.
On découvrit bien vite observant l'Univers,
Que lui même en entier faisait machine arrière.
Vint alors pour les hommes habitants de la terre,
Non l'angoisse du demain mais la peur de l'hier.
Naître provoqua dès lors une profonde terreur,
Mourir fut ressenti comme un puissant bonheur.
Les savants érudits se lancèrent de tout cœur,
Dans une étude conjointe et de très grande ampleur.
La cause du grand chantier, une innocente erreur,
L'étourderie d'un dieu mettant pendule à l'heure.
On redressa le temps en avisant l'auteur,
Puis l'année reparti vers l'avant voyageur.
De tout recommencer, c'était une chance majeure
Mais les gens aveuglés répétèrent leurs horreurs.
*****
***
*
R.D
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Poème | Par Karoloth | Voir tous ses textes | Visite : 676
Coup de cœur : 15 / Technique : 9
Commentaires :
pseudo : mnemosyne
Je suis scotchée tellement j'Adore !!! C'est très original et très très bien écris...un énorme Cdc Karoloth...tu m'as subjuguée. Merci
pseudo : Iloa
Hé bien...comme il est humain de tout mettre sur le dos d'un Dieu...j'aurais pas fait mieux... Bravo, c'est géant !
pseudo : nani
Ah ! ce dit-on souvent si l'on pouvait faire marche arrière, et là toi d'un seul coup de plume tu engloutis nos petites espérances, c'est pas gentil, mais tu es pardonné car c'est trop bien écrit quoique déconcertant, ça va j'arrête ...
pseudo : nage
J'adore,l'écriture, le style, le sujet j'adore tout Chapeau Karoloth biz amical
pseudo : la gis
Je mets des images vertigineuses et montant en puissance dans ce tourbillon arrière jusqu'au soulagement de la reprise en avant et c'est une profonde réflexion que ce sujet j'invite à méditer les deux dernières phrases.
pseudo : eglantine
Un grand coup de coeur pour ce poème écrit avec talent, un voyage dans le temps qui subjugue l'être humain. Magnifique.
pseudo : Anne Mordred
Très beau mythe. CdC
pseudo : Karoloth
Merci à tous. J'avoue que jusqu'ici c'est ce qui m'a demandé le plus de sueur.
pseudo : nage
bonjour karoloth je suis revenu te lire et je peut te dire que ta sueur est payente je l'ai apprécier que plus la 2ème fois biz amical
pseudo : lagomys
Un joli conte qui démontre l'absurdité de la vie faite homme. Coup de coeur, le coeur à l'envers !
Nombre de visites : 48359