Je vais. Brave petit soldat.
Je traverse l'épaisseur de la vie.
Mais cependant sans jamais parvenir à me convaincre précisément que ce que je traverse possède une épaisseur pleinement réelle.
On me dit que je vis, je le crois ou, du moins, je m'efforce de le croire.
Cet enchaînement d'instants qui se dissoudront ne me convainc pas.
Je n'arrive pas à voir en chaque seconde qui passe autre chose qu'un battement d'aile pressé, avide de fuir, de se fuir.
Les choses elles-mêmes manquent de profondeur, de force de conviction.
Elles se laissent, de par leur nature même, semble-t-il, survoler, frôler...oui, juste frôler, et, quelquefois même, elles deviennent transparentes.
Pour un peu, je verrais en elles un simple décor de carton-pâte...ou, si vous préférez, encore, une texture de maison de papier.
Pourquoi cette extrême difficulté à admettre qu'elles ont un volume ?
Est-ce la fuite des instants qui les contamine, les entraîne ?
Aller ici ou là, pour y continuer de passer, d'effleurer...
Pour y continuer, en somme, d'y jouer les consciencieux passe-murailles.
Qu'est-ce qui est en cause ? La profondeur des choses en ce qu'elle est un leurre ? Mon incapacité désincarnée à entrer dans leur chair ?
Vivre des choses, des moments, dites-vous tous; vous y croyez.
Vous ne croyez pas en l'immatérialité dont je vous parle.
Mais chaque instant est l'otage de sa propre mobilité. De son obsession de se précipiter vers sa propre mort.
Les instant sont vécus, certes, oui, mais avec quel soin de distance, avec quel souci de maintenir les choses dans leur coton mou.
Quant à moi, ils m'ont délavée, écartée depuis belle lurette !
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Style : autre | Par Patricia Laranco | Voir tous ses textes | Visite : 557
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pseudo : Karoloth
Chaque âge à ses pensées, à vingt ans on est éternel, à soixante, on pense différemment. Nos pensées accompagnent notre corps et notre vision du monde s'en trouve affectée. Un instant on baigne dans l'action, dans le suivant on ne croit plus à ce que nous montre nos yeux. la vie c'est juste du temps à vivre et à la fin, de toute façon, il n'en reste rien.
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