La neige n'en finit pas de tomber,le vieux clochard fait quand même la manche.Il se réfugie dans l'entrée de la Poste.On lui a donné un manteau à capuche,plus chaud que la pelisse qu'il portait jusqu'alors.Il tend la main à des gens qui n'ont pas envie de quitter leurs gants pour faire l'aumône.De temps en temps ,il les engueule et part dans des délires incroyables,dont lui seul a le pouvoir.Il les insulte,s'en prend au ciel et à tous les saints du Paradis,témoins irréprochables de sa misère.Quel parcours a-t-il eu ce clochard,qu'un jour on a forcèment appelé "Monsieur".Quel fardeau porte-il?A-t-il des enfants,que faisait-il comme métier?Et surtout quel est son prénom?On se pose toujours ce genre de questions ,trouillards que nous sommes d'etre un jour à sa place.Une fois j'ai parlé avec lui,enfin quand je dis parlé,c'était plutot son monolgue,sa tirade.La révolte de ses propos me fit plaisir ,et je compris que,derrière l'aspect rebelle et délirant,se cachait un homme que la société avait placé là parce-qu'il n'y avait plus de place ailleurs.Il me gratiffia d'une tape sur la joue,et je lui filais un billet de 5€,ses yeux me remercièrent,et à présent,dès que je le croise,il ne tend pas la main vers moi,mais se contente de me saluer des yeux,comme pour dire:"je ne suis pas fou,tu sais que je sais".La neige a recouvert la ville.Ca donne un air de pureté qui lui fait plutot défaut en général.Le clochard de la ville a remonté sa capuche à bords fourrés,il repart faire la manche sur un parking de super-marché,son parcours ne varie pas.Cette blancheur immaculée tranche un peu avec le noir de son visage et de ses mains,il sera peut-être un peu moins invisible aux yeux des passants.