Seul dans la pénombre,

Une gamelle de soupe pour compagnie,

J’attends, je pense, j’espère, je prie,

Comment en suis-je arriver là ?

Je perçois au loin le croissement d’un corbeau,

A-t-il deviné ce qui allait se passer ? Je ne sais pas.

J’entends des pas dans le couloir,

Ça y est, on est venu me chercher,

Ils sont deux à s’approcher,

Ils sont deux à m’escorter,

Suis-je si dangereux que ça ?

Dois-je vous rappeler messieurs que je n’ai rien fait ?

Je clame mon innocence depuis si longtemps,

On me lève, on me traine,

J’encaisse, j’ai de la peine,

Trop tôt ou trop tard je ne sais pas,

Je suis juste piégé comme un rat

J’arrive dans une pièce bien froide,

Mais pas semblable à une chambre froide,

On me fait assoir sur l’unique chaise,

Je refuse toujours avec la même conviction,

On me tape, on me ligote,

J’ai les doigts qui me picotent,

Voyez ce que l’homme est capable de faire de son semblable,

C’est inhumain, c’est improbable et pourtant tellement vrai,

Et dire qu’il y a quelques heures encore dans ma cellule, j’errais,

Je rêvais, j’attendais,

Sans doute un jour meilleur,

Aujourd’hui je prie le seigneur.

On m’injecte un puissant liquide dans les veines,

Ce n’est pas drôle, imaginez la scène.

On branche le courant,

Dans le New York Times on parle de moi je suis sur que tu n’es même pas au courant.

La lumière s’éteint, inutile de vous faire un dessin,

Mon destin est soudain restreint.

Tout s’est passé si vite,

Tout s’est passé en silence.

Red Road. 

01/12/2009.