En se réveillant un matin, le printemps
Après des rêves agités tantôt, bons entre-temps
Je me trouvai transformé en un papillon
Voltigeant content de mon sort, insecte riant
Je me trouvai agile comme un sobre; comme un soul
Par mon esprit, qui, fou des sommets comme un fou
Étend ses pans dansant au-delà de mes ailes,
Qui épris des monts-blancs avec un ardent zèle
Étreint comme un démon les vents, le nez hardi.
Je m'écriais:"est-ce-que l'esprit s'abâtardit?
Suis-je ce papillon qui, avec ses vives couleurs
Ses gracieux papillonnements autour des belles fleurs
Cherche à charmer l'œil d'un spectateur invisible
Qu’est-ce qu'il m'est arrivé?... mais ne suis-je pas paisible?
L’illusion n'est-elle pas une vague évidence?
La réalité n'est-elle pas une vaine apparence?
Pourquoi vouloir une telle distinction qui tourmente
L’ignorer rend la vie... la fiction plus clémente."
Avant que je termine ce qui me semble être
Des mots... ou de moins un son, écho qui s'empêtre
S’agite en mon être, fait frissonner mon paraître
Soudain un éclat dans ma vue de veuf, frappa
Mon œil vif comme celui d'un catoblépas
J’imaginais qu'il aspirer mon âme, ou bien
Celle de celui que je croyais être moi, mon bien
Mon souffle fit de mon ombre des grains éparpillés
S’ajoutant à la boue rouge de mon œil meurtrier.
Pétrie par Le Suprême, éclairée par un rai.
Je me retrouvai, sous un figuier qui… l’ombrer...
Le nouveau, différent de celui que j'étais...
Et seuls quelques rayons traversent cet étrange voile vert
Et brulent mes paupières, avec peine elles se levèrent
Sur des miroirs opaques, concaves, déformants
Devant lesquels dansaient des machaons charmants...
Attisant le souvenir que je veux jeter...
Ma langue de poète, alors mendiait ma tête
Quêtait ma mémoire; hameçon couvert de boëte
Pêchait la langue des morues, des maquereaux, des thètes
Les mots sublimes et absurdes des riches, des suffètes:
"Qui suis-je en réalité...qui suis-je en vérité"
À cet instant, un son trempé d'austérité
Dont mes pensées furent le moule, coulait de ma bouche
Pour s'étendre, se perdre loin, loin, dans les lointaines couches
Le sifflement mystique perdura par la danse
Extatique de la langue, par les idées en transe:
"Suis-je un papillon qui rêve qu'il est un poète
Ou un poète, apollon musagète, un esthète
Qui s'imagine qu'il fut depuis peu papillon?
Y a-t-il deux individus réels ou deux pions?
Y a-t-il eu métamorphose d'un être à un autre
Peut-être que je n'étais ni à l'un ni à l'autre
Qu'il n y a eu lieu que deux changements irréels
De l'Être suprême, de l'unique norme universelle
Dans lequel tout le tas des objets et des êtres
Dans tous leurs états, dans tous leurs abjects paraîtres
Sont un car ils ne sont que des anamorphoses".
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Style : Poème | Par lmahna | Voir tous ses textes | Visite : 563
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Commentaires :
pseudo : BAMBE
Quel style, quelle plume, un régal, bravo et coup de coeur.
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