J’entrai à pas feutrés dans la pièce. Il faisait assez sombre. Un store masquait presque entièrement la haute fenêtre et seule une lampe donnait de la lumière à la pièce.
Un magnifique tapis persan recouvrait le parquet de chêne merveilleusement entretenu et étouffait le bruit de mes pas.
J’étais un peu gênée.
C’était la première fois que j’entrais dans cette pièce.
L’homme me pria de m’asseoir et me regarda.
Son regard était profond et j’en fus un peu émue.
Il me pria de me déshabiller.
Je me levais et posais mon manteau sur une chaise.
Il me regardait faire, d’un air détaché.
Je me sentais embarrassée et prise au piège de son regard, de son attente. Il semblait impatient.
Ensuite, je déboutonnais mon chemisier, en me tournant légèrement vers le mur, pour me dérober un peu à son regard.
Son téléphone sonna mais il ne décrocha pas.
S’il avait décroché, il aurait entamé une discussion et cela m’aurait donné une contenance. Je lui en voulais un peu.
J’étais en soutien-gorge.
J’étais troublée.
J’enlevais ma jupe.
J’étais maintenant en petite tenue.
J’avais choisi, pour la circonstance, une tenue noire et sobre. C’était seyant sans être ostentatoire. Cela convenait parfaitement à un premier rendez-vous.
J’avais froid.
Il se leva doucement et s’avança vers moi.
Je m’allongeais.
Il vint tout près de moi et mit ses mains sur moi.
Il avait les mains chaudes, douces, délicates.
Il promenait ses mains avec une grande délicatesse et une grande habileté.
Je me sentais bien, en confiance.
Je n’avais plus froid.
Nous étions en osmose.
Nous n’échangions aucune parole.
Puis quand il eut terminé, je me rhabillais.
Je ne le regardais pas.
Il ne me regardait pas non plus.
Je mis mon manteau, pris mon sac.
A la porte, je me retournais :
«Au revoir, docteur ! Je vous rappelle pour vous communiquer les résultats des analyses »
et je sortis.


Pupucekib