Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

La haine (public averti) par Tehel

La haine (public averti)

Combien de temps s'était-il écoulé depuis lors ?

Jipy ne comptait plus depuis une éternité.  A fortiori, la vie avait recommencé à s'égrainer peu à peu et il avait fini par oublier, par ne plus y penser.

La haine, parce qu'il faut bien parler de haine, la haine est un brasier qui finit par mourir si on ne l'active pas continuellement.

Ce soir-là, c'était un vendredi, Jipy qui s'ennuyait déjà fortement du week-end tout proche, s'était installé confortablement dans le divan du salon, face à la télévision, une bière à proximité de la main, la tête bien calée entre les coussins du canapé.  Le programme ne l'intéressait pas, si bien qu'il regardait la télé sans réellement la regarder.

Deux longs jours à attendre !  Deux pénibles journées sans voir personne et puis ce serait à nouveau lundi et le train-train quotidien qui recommencerait.  Jipy, par ennui, soupira longuement et puis bâilla en s'étirant à la manière des chats.

C'est alors que le bruit d'une portière de voiture attira son attention et qu'il écouta davantage.  Quelqu'un, au volant d'un véhicule, venait en effet de s'arrêter en face, pour déposer un passager qui s'approchait à présent de la porte d'entrée.  Jipy se redressa, il attrapa la télécommande de la télévision, machinalement il baissa le son et observa la silhouette qui se découpait au travers la porte vitrée.

Une femme !  C'était une femme !

On sonna.

Il se leva d'un bond, et, en essayant de reconnaître les ombres découpées dans la vitre pour tenter d'identifier quelqu'un, il alla ouvrir.

- Je peux entrer ? demanda-t-elle d'une voix brisée et rauque.

Jipy ne put prononcer un seul mot, son coeur s'était mis à battre la chamade dans sa poitrine et ses jambes semblaient vouloir se dérober sous son corps devenu trop lourd.

Chloé !

C'était Chloé, là, sur le seuil de la porte, 14 mois, trois semaines, 17 jours et quelques heures après leur dernière rencontre au Tribunal - lors de leur dernière comparution pour leur divorce -, parce qu'il faut l'avouer, Jipy n'avait jamais cessé de compter.  Parce qu'à l'inverse de ce que l'on prétend d'ordinaire, quand on aime, on compte toujours !

Chloé !

La femme pleurait, le maquillage de ses yeux avait coulé sur ses joues creusées de rides profondes, le rouge de ses lèvres avait pratiquement disparu en une traînée horizontale qui semblait avoir fendu son visage en deux parts égales, elle avait les épaules basses, et sanglotait nerveusement en se retenant au chambranle, comme si elle allait incessamment s'écrouler.

- Je t'en supplie ! bredouilla-t-elle entre deux sanglots.

Flashes-back étourdissants.

En une seconde, en images subliminales, Jipy revit toute leur histoire.  Leur triste histoire, qui avait fini par ce divorce, l'enfant qu'elle n'avait pas voulu concevoir restant un des points les plus sensibles de leur désaccord.

- S'il te plaît ! implora-t-elle encore une fois timidement.

Chloé était là, pareille à une épave, elle qui avait toujours été si ferme, si forte, si intransigeante autrefois, ce soir-là, le suppliait à tout prix pour pouvoir entrer chez lui.

Finalement, presque malgré lui, l'homme s'écarta et la laissa passer.  Chloé, qui connaissait les lieux, se laissa tomber dans le canapé en enfouissant sa tête entre ses mains rougies par le froid mordant.  Elle fondit en larmes.

A peine s'était-il remis du choc de la revoir si soudainement, que Jipy se souvint de la dernière fois où cela aurait dû se produire.

Il avait bu cette fois-là, comme tous les soirs depuis qu'il avait été contraint de quitter le domicile conjugal, la rue joutait avec les trottoirs, les façades des maisons tanguaient dangereusement et l'itinéraire que Jipy s'était fixé instinctivement, avait pris toutes les teintes d'un labyrinthe inextricable.

Il avait bu, et davantage encore, jusqu'à plus soif, et la terre entière s'était mise à tourner de plus en plus vite.  Mais, guidé par cette envie folle de serrer Chloé dans ses bras, il avait finalement retrouvé l'adresse de la femme et il avait sonné.

Il était tard.  Très tard.  Jipy s'en souvenait comme si c'était hier, mais il avait sonné malgré tout !

- Passe à la maison !  Il n'est pas là ce soir ! lui avait-elle susurré au téléphone quand Jipy l'avait appelée.

Il !

Il, cet homme qui avait pris sa place dans le lit de sa femme.  Celui qui, en langage moderne, avait pratiqué du "woman-jacking".  A cette époque, Chloé avait joué un jeu dangereux, elle avait revu Jipy à plusieurs reprises et, quand son amant était absent, elle l'invitait régulièrement à venir la rejoindre, transformant ainsi, par un fabuleux tour de prestidigitation, son ex-époux trompé en amant tout neuf.  Mais cette fois-là, il était vraiment tard et ni Chloé, ni personne ne l'attendait plus !

Sauf que ce cette fois-là, le pauvre type venant de remporter le maillot à corne des cocus, n'était pas allé au travail et que lorsque Jipy avait sonné, ce fut sa tête de cloche qui dépassa à la fenêtre d'en haut.

- Tu ne dis rien ? parvint-elle à dire entre deux respirations saccadées l'interrompant dans ses souvenirs.

Jipy était incapable de prononcer un seul mot, dans sa tête en ébullition, le film de cette mésaventure défilait à toute vitesse.

Jipy avait insisté, il avait à nouveau sonné et puis, s'imaginant que Chloé ne l'avait pas entendu, il s'était mis à tambouriner à la porte comme un forcené, en l'appelant éperdument.

Ensuite, les choses avaient été très vite.

Des feux bleus et rouges, une sirène stridente, des gens sur le pas de leur porte, des lumières qui s'allument et s'éteignent partout, encerclant Jipy qui titubait inexorablement.  Et puis trois hommes vêtus de cuir, coiffés de képis, armés de matraques, qui surgirent de nulle part.  Un violent coup sur la tête et le trou noir ...

- Tu m'en veux toujours ? lança-t-elle en tentant de sourire, au détriment de ses yeux noyés de larmes épaisses.

Lui en vouloir ?

Jipy avait été emmené au Poste de Police, là, des flics l'avaient fouillé, déshabillé et puis jeté - le mot est faible - dans une cellule noire, profonde et glaciale.  Jipy était ivre, mais il se souvenait avoir eu froid comme jamais encore il n'avait eu froid !  A tâtons, il avait cherché la légendaire couverture qui devait se trouver sur le lit - en fait, des blocs de béton empilés et cimentés -, mais il ne l'avait jamais découverte.  Non parce qu'il était trop ivre que pour y parvenir, mais tout simplement parce qu'elle n'existait pas !  Alors, il s'était recroquevillé sur lui-même, il avait ramené ses jambes enlacées contre sa poitrine, et dans cette position fœtale, il avait tenté de remettre ses idées en place, dessaoulant peu à peu.

Chloé, une fois de plus, l'avait trahi.  Ignoré.  Repoussé.  Délaissé ...

Et ce soir-là, près de 15 mois après cet épisode, elle était là, assise dans son canapé, pleurant toutes les larmes de son corps pour il ne savait quelle raison et l'implorant comme on implore Dieu afin qu'il pardonne.

La haine, cette foutue haine, la haine est un brasier qui, à l'infini, couve des sentiments incandescents prêts à bouter le feu partout !

Alors, Jipy s'est accroupi près de Chloé et puis, tandis que dans ses yeux, l'espace d'une seconde, le reflet malin d'une idée machiavélique avait jailli subrepticement, il avait enfin pu lui répondre.

- Que se passe-t-il ? dit-il détendu, d'une voix qu'il ne se rappelait pas avoir connue aussi assurée.

- C'est l'autre !

L'autre !  A l'époque où Chloé avait chassé Jipy à grands coups d'insultes et de reproches, l'autre s'appelait lui ou, plus souvent, Il, avec un i majuscule !  Cette fois-là, elle l'appela l'autre, ce qui signifiait bien le début de la fin d'une idylle. 

- Quoi ?  Vous vous êtes disputés ? demanda Jipy sans vraiment parvenir à cibler son attention.  Sa main droite était remontée le long du bras du fauteuil pour venir effleurer les cheveux de la fille.  Ils étaient superbes, soyeux et agréables au toucher.

- Il, - elle renifla -, - il est parti ! dans son timbre, la minuscule fut flagrante.

La bonne affaire ! songea Jipy en se retenant de rire aux éclats.  - Comment cela ? se reprit-il au dernier instant.

- Pour une autre, une jeune, une pimbêche de 20 piges qui travaille avec lui ! Chloé avait relevé la tête et elle l'avait foudroyé du regard comme si elle s'était trouvée face à face avec la pimbêche en question.

- Une plus jeune ?!? Jipy ne put s'empêcher de sourire.  C'est vrai que Chloé avait vieilli.  Son doux visage d'autrefois était à présent labouré de rides et ses mains, principalement ses mains, étaient dévorées d'arthrite et de plissures aux doigts.  Chloé avait eu quarante ans l'an passé, et à quarante ans, la différence d'âge avec cette pimbêche était du simple au double !

Combien de fois n'avait-il pas songé à cela ?  Des milliers de fois !  Des milliers de fois, comme pour s'auto-persuader, il s'était répété: elle est partie avec un jeune loup, tôt ou tard, le jeune loup s'en ira prendre une autre brebis, plus jeune !  beaucoup plus jeune !

- Que vas-tu faire ? s'enquit Jipy qui guida ses doigts le long de la nuque de la femme.

- J'en sais rien, je suis seule, je n'ai plus que toi !

Avoir: posséder, disposer de ...  Quel toupet !  Elle qui l'avait jeté comme une vulgaire merde qu'il avait bien failli devenir à force de beuveries.

Elle lui prit la main, celle-là qui ne lui caressait pas la joue et elle lui tritura les doigts.

- Tu m'as manqué ! mentit-elle.

Pareille à une eau qui bout, une folle envie de l'étrangler jaillit en lui.  Jipy dut se mordre la langue pour se contrôler.

- Tu m'en veux toujours ? répéta-t-elle en tournant la tête de côté, comme autrefois, elle le dévisagea et plissa les lèvres sur un sourire narquois.

Lui en vouloir !?!  Comme si, tout à coup, par le simple fait qu'elle se soit présentée chez lui pour y trouver refuge, elle fut pardonnée !  On efface tout, on prend les mêmes et on recommence !  Sans doute cela existe-t-il à la télévision, dans ces stupides feuilletons américains où les personnages, au fil des séries se mélangent, se marient, divorcent, se remarient et puis se retrouvent encore avant de recommencer à la case départ en touchant 4.000, à l'instar du Monopoli, mais dans la vie cruelle, avec ses déboires, les ennuis, le ridicule, la solitude et le qu'en-dira-t-on, les choses ne sont pas aussi simples.  La fierté et l'orgueil faisant qu'un homme, si petit soit-il, reste malgré tout un homme.

Surtout que Jipy n'était pas de la race des lâches...

Alors, au lieu de lui répondre des choses gentilles, au lieu de lui chuchoter des mots doux au creux de l'oreille en lui mordillant le lobe, il s'approcha davantage, glissa ses doigts entre l'étoffe de sa jupe et ses bas Nylon, et, fou de rage, il l'embrassa sauvagement.

Et, - grosse erreur -, Chloé lui rendit son baiser !

Vous n'avez jamais eu envie de tuer le chauffard qui, sur l'autoroute, vous coupe la chique subitement ?  Ou alors un imbécile qui, dans une soirée dansante, alors qu'il fait le con depuis des heures, vient vous marcher sur le gros orteil incarné qui vous fait souffrir depuis des semaines ?  Une envie soudaine, qui dure l'espace d'un instant, une envie forte, violente, irrésistible, une envie de frapper fort et rageusement ?  Oui, ça vous est certainement déjà arrivé !  En tout cas, c'est qui s'est passé ce soir-là, lorsque Chloé lui rendit le baiser violent que Jipy lui avait donné avec dégoût.

Elle fourra ses doigts toujours glacés sous l'étoffe de sa chemise, elle lui griffa le dos en introduisant son épaisse langue de vipère dans sa bouche avide de mordre de plus bel.  Tout cela en un quart de seconde.  Jipy sursauta et recula avec un besoin fou de la gifler et de la gifler encore !

- Quoi ? tu n'as pas envie ? lui demanda-t-elle en s'affaissant dans le canapé et en relevant les cuisses le long de ses hanches.  De ses pieds déchaussés, elle l'encercla avec force.

Envie !?!  Jipy n'avait pas spécialement envie d'elle, mais, entre ses jambes, une fabuleuse érection avait soudain déformé son pantalon.  Jipy se laissa aller et en un clin d'oeil, Chloé lui ôta ses jeans.

La paire de bas Nylon se déchira, le string de la femme atterrit derrière le divan, ses vêtements furent éparpillés partout, son soutien arraché au détriment d'une bretelle résistante.

Chloé attrapa le sexe gonflé de Jipy et elle le guida.

Mais la haine, cette putain de haine qui emplissait son cœur depuis des mois, refit surface à cet instant crucial.  Alors, Jipy se redressa, il la saisit aux hanches et, sans ménagements, il l'obligea à se retourner.  D'un geste rapide, il lui plia les jambes et insista pour qu'elle s'agenouille la tête enfouie dans les coussins du divan.

- Oh oui, prends-moi par derrière ! murmura-t-elle d'une voix lascive.

Jipy ne répondit pas, il empoigna son sexe de sa main droite, posa la main gauche sur la croupe de la fille, et, avec toute la rage qui lui brûlait les boyaux, il s'introduisit sèchement (dans tous les sens du terme) dans cet orifice où jusque là, aucun homme encore ne s'était immiscé.

Il la sodomisa sauvagement tandis qu'en vain elle tenta de s'esquiver et d'échapper à l'empalement douloureux.

Jipy accéléra ses mouvements et il bougea plus vite encore, la pénétrant au plus profond de son intimité défoncée.  Les sensations que Jipy ressentait n'étaient pas des plus agréables, le principe en lui-même, le principe, rien que le principe, le faisait jouir à l'extrême.  Ses testicules cognaient violemment les fesses de la fille pendant que le canapé bruissait au rythme des ressors souffrant de la cadence effrénée.  Et puis, le corps de la femme se mit à houler et à tanguer sous ses assauts, alors Jipy, s'apercevant qu'elle y prenait plaisir, se retira d'une traite, l'empoigna par les cheveux, et la jeta au sol, sans se préoccuper de ses cris d'effroi ni de la peur-panique qui avait chassé les larmes de ces yeux exorbités.

- Arrête, qu'est-ce qui te prend ? parvint-elle à hurler en s'agrippant aux mains de l'homme qui avaient empoigné sa chevelure défaite.  Jipy la souleva de terre jusqu'à la porte qu'il ouvrit d'emblée.

Tout avait été plus vite encore.

Jipy, soudain motivé d'une force herculéenne, l'avait relevée jusqu'à ce que son visage grimaçant d'angoisse soit à hauteur du sien, il la foudroya d'un regard écrasant, et, à l'image d'un gardien de but de renommée, le jour d'un grand match, il l'expulsa au dehors en lui bottant un dégagement qui l'envoya rouler sur le tarmacadam de la rue désertée.

Jipy claqua la porte sournoisement et expira longuement jusqu'à vider complètement ses poumons.  Un moment, il s'était senti capable de la tuer.

- Arrête, c'est pas marrant, ouvre-moi, ça caille dehors ! se plaignait la voix lointaine de la fille qui tambourinait à la porte.  Ca avait été comme une révélation.

Jipy décrocha le téléphone sans fil, il enfonça la touche-mémoire 9, celle qui correspondait au numéro d'urgence de la Police, et, tout en rassemblant les effets de la femme, il écouta la sonnerie monotone.

- Allô, la Police, j'écoute ? in extremis, Jipy coupa la télévision, et empruntant une voix chevrotante, il débobina: - venez vite, une fille à poil veut pénétrer chez moi, je crains pour mes jours !  Il commença immédiatement à se rhabiller, le planton lui répondit: - déclinez vos nom et adresse, Monsieur, s'il vous plaît.  Jipy enfourna les vêtements de Chloé dans l'antre du feu à charbon qu'il activa tout en renseignant l'officier à l'autre bout du fil.

Moins de trois minutes plus tard, un combi de police s'arrêtait en faisant crisser ses pneus sur les dalles du trottoir.  Trois malabars, comme ceux qui l'avaient arrêté 14 mois plus tôt, en sortirent pour embarquer Chloé manu militari dans leur véhicule.

- Salaud ! entendit encore Jipy avant qu'un homme en uniforme vienne sonner à la porte.

- Monsieur ? c'est bien vous qui avez appelé ? demanda le policier en saluant vaguement.

- Oui, je ne la connais pas, c'est probablement une folle, il fait si noir et si froid dehors !  J'allais me coucher quand je l'ai entendue faire son cinéma.

Le policier s'avança encore un peu, il jeta un coup d'œil indiscret dans la maison, puis il s'excusa et s'en alla au volant du combi dont les feux et la sirène se mirent à fonctionner.

Jipy éclata de rire, il rit de bon cœur, rit comme cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus ri, et il pouffa davantage encore en songeant à la tête de Chloé, nue, face aux policiers qui n'allaient pas manquer de l'enfermer pour quelques heures ... d'autant plus, qu'en y songeant, elle n'allait probablement pas pouvoir s'asseoir dans l'immédiat ....

La vie était belle !

La haine, c'est quelque chose !

La haine est un feu qui dort en nous, au plus profond de nous-mêmes, un feu qu'il ne faut surtout pas réveiller, au risque qu'il incendie tout sur son passage ...

 

FIN

à J-P.

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Nouvelle | Par Tehel | Voir tous ses textes | Visite : 320

Coup de cœur : 8 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : nage

Une chose est sur c'est que " le mal habite" Jipy.Avec et sans jeu de mots. J'éprouve du mèpris pour les personnes qui jouïssent de la douleur des autres. En résumé Je hais la haine.

pseudo : ANABEL

texte choc vive la paix merci ANABEL

pseudo : VIVAL33

Pulsions de haine, violence, humiliations... c'est un fait, ça existe au fond de nous (et des fois, ça dort même pas! ). Bravo pour l'atmosphère du texte, crescendo (on sent la haine qui y transpire dès les premières lignes)