Il y a déjà deux ans, je vivais le bonheur. Un rêve de princesse inoubliable. J’avais rencontré un homme au cœur pur et fragile. Cet être innocent avait bouleversé ma vie. Il m’avait donné tout l’amour qu’il avait en lui. Il m’aimait et moi je l’aimais. Il était devenu ma moitié. Lui et moi ne formions plus qu’un.

Je croquais cette vie de rêve à pleine dent lorsqu’un jour, ce rêve se transforma en cauchemar. Il était parti faire un petit voyage à Brest pour voir sa famille. Mais je doutais au fond de moi. Je ne savais pas pourquoi, mais je doutais. Etait-ce la peur qu’il me soit infidèle ? Qu’il ne veuille plus de moi ? Ou bien qu’il ne revienne jamais ? Je ne le savais pas. Un énorme vide se créait petit à petit dans mon esprit. J’angoissais. Que se passait-il là bas ? Quelque chose était arrivée, j’en étais sûre. Il ne m’avait pas appelé ce soir là. Pourquoi ? Je tremblais au fond de moi. Mes larmes me mouillaient les joues, pourtant, je tentais tant bien que mal de les retenir puis de les cacher. Une étrange voix dans la tête me disait qu’il ne reviendrait pas…

Et il n’est pas revenu…

Je ne dormis que très peu cette nuit là. La chaleur de son corps m’avait terriblement manquée. Je me levais sous les rayons d’un nouveau jour, d’une nouvelle vie, d’un nouveau cauchemar. Ma belle-mère m’avait appelé. Il fallait que je passe chez elle. Quand la porte de sa maison s’ouvrit, je pus découvrir enfin se qui s’y cachait. Des visages martyrisés par la fatigue et la tristesse. Où était-il ? Où était l’homme que j’aimais ?

Sa mère m’appris par la suite qu’il avait été condamné à l’enfer…

La prison…

J’étais prise de panique. Une remontée de sanglots éclata soudainement. Mes membres restaient, là, figés de terreur. Comment était-ce possible ? Qu’avait-il fait de si mal ? Un homme aussi tendre que lui, avait-il pu commettre un crime ? J’avais du mal à y croire.

Sa mère me raconta l’histoire avec rancœur. A la fin du récit, mon souffle fût coupé. Mon corps fût transpercé. Mon cœur fût poignardé. Pourquoi m’avait-il caché cette chose si grave pendant toutes ces années ? Pourquoi ne m’avait-il rien dit ? Pourquoi m’avait-il trahi ainsi ?!!

Aujourd’hui, il n’est toujours pas revenu !

Je me lève chaque samedi matin pour parcourir les 300 kilomètres qui nous séparent. Des cernes noirs entourent mes yeux. Je dors très peu. J’étais mince, il y a deux ans. Aujourd’hui, je me trouve grosse. Je mange beaucoup pour combler ce manque affectif.

Sage et attendrissante avant, je suis devenu colérique et des fois méchante. Je me fais ronger par le stress et l’angoisse. Mon cœur bat lentement, il n’y a plus la présence de l’homme que j’aime. La seule chose que j’ai envie à ce moment c’est le rejoindre ! Quand je me repenche en arrière, un couteau vient rouvrir cette plaie qui tente toujours de se refermée malgré tout. Il m’a trahi. Est-ce normal de lui faire confiance à nouveau ?

Il est enfermé là bas. Il souffre de la distance, là bas. Il meurt à petit souffle, là-bas. Et moi ?! Je suis enfermée, ici. Je souffre de la distance, ici. Je meurs à petit souffle, ici.

J’aimerai sortir, moi. Mais non ! Lui ne peut pas sortir, alors il ne faut pas que je sorte non plus. Il ne faut pas que je sympathise avec des hommes, il finira par s’inventer plein de choses. Il ne faut pas que je rate son appel, sinon je m’en voudrais tellement, alors je reste près du téléphone toute la journée.

Quand il n’appelle pas, je perds tous mes moyens. Je tremble, je pleure, j’angoisse. Je me demande si quelqu’un, là bas, lui a fait du mal. J’ai peur.

Pourtant, je l’aime encore plus que tout, je mourrais pour lui !

Et lui, il m’aime plus que tout au monde et se jetterait dans le vide pour moi !

On souffre, mais on s’aime…

Aujourd’hui, je vis avec cette peur de me retrouver seule, avec cette angoisse de ne jamais le revoir. Je vis avec mes larmes de douleurs, avec mes colères de souffrance.

Mais je vis…

Dédié à ma sœur et mon beau-frère.

Tu nous manque, reviens vite !

La vie est dure sans toi !

Pour qui, comme ma sœur, la vie est devenue insupportable parce qu’il ou elle attend sa moitié loin de son cœur, Bravo !

Parce qu’il en faut du courage !

A toutes les familles de prisonniers, courage ! On a tous besoin d’être soutenu !