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Petits Plaisirs Posthumes/Ch. 10 par yolli

Petits Plaisirs Posthumes/Ch. 10

POM POM POM 10- Pom Pom Pom ne volera plus

 

Pom Pom Pom ne volera plus. Elle s’est brisé une aile. La droite. Elle est arrivée au studio de danse bien en retard ayant eu une bagarre personnelle avec le bouton d’alarme de son réveil.

Elle ne voulait pas du tout quitter son rêve ni surtout son gros édredon chaud et moelleux d’où seul son nez- qu’elle a fin et pointu- pointait.

Mais le réveil sonna. Elle appuya dessus le petit bitoniau. Il re-sonna. Elle rappuya. Il re-re-sonna. Ah fichtre il devait être parfaitement sourd ou sot en tous cas elle lui avait asséné un réel coup de poing, l’avait mis en morceaux et s’était re-réfugiée, innocente, dans son rêve.

Bien sûr, une heure plus tard, elle était à la bourre et mal ... tournée.

Elle aurait bien dormi encore un peu. POM-POM-POM ne court jamais. Elle pense que si elle n’est pas en avance c’est qu’elle est en retard et que pour ne pas être en retard elle n’avait qu’à partir plus tôt mais que ça n’a rien à voir avec le fait d’aller plus vite selon la très haute pensée que « plus que tu pédales moins vite, moins que t’avances plus doucement !!! »Elle n’était pas très sûre d’en avoir saisi toutes les finesses mais s’en servait néanmoins. Ce qui ne la menait nulle part, à rien. Les gens qui pensent comme ça ne maîtrisent jamais le temps, ils l’ont toujours. Derrière eux !

Bref, elle était arrivée avec une demi-heure de retard, ça commençait plutôt mal.

Elle se réveilla en dansant et avec la danse vint la joie puis l’exaltation, faisant, refaisant, répétant, recommençant cinq, dix, vingt fois les mêmes pas sans se lasser, s’éveillant toujours

plus, emballée par sa propre boulimie de tours, de chutes... et d’un grand....grand....grand... saut tout en l.o.n.g.u.e.u.r.....

Un pas de géant pour POM-POM-POM.

Portée, surélevée par des ailes rien moins qu’imaginaires, POM-POM-POM, auréolée de désirs, ne voulut plus toucher terre, voulut rester en haut, tout là-haut !

Cette nuit lui avait prouvé que vouloir c’est pouvoir.Ca avait même si bien fonctionné que ça avait été vraiment réel.

Je veux dire qu’elle avait très réellement volé....

Mais, de ça elle est certaine, l’une de ses ailes s’était brisée contre une rafale de vent opposée et soudaine. Elle avait très distinctement perçu jusqu’au tréfonds de son être évaporé, deux craquements d’os, successifs et antagonistes, et avait hurlé hurlé pour sortir de ce cauchemar.

Et s’évanouit de douleur d’âme.

 

Qu’est-ce qu’une danseuse sans aile ?

Qu’adviendra t-il d’elle ? Tout est fini. La Danse. La Vie.

 

Elle veut disparaître, là, tout de suite, au milieu de ses pleurs .à défaut de mourir de rire...

POM-POM-POM toute rompue regagna son nid et fourbue, s’endormit.

 

Elle rêva si fort qu’elle possédait deux ailes, et vola si haut jusque derrière le jardin de son grand-grand père qui habite si loin, qu’en s’éveillant elle n’en crut pas ses mirettes :un lourd plâtre immobilisait sa jambe droite, des orteils au genou.

Deux perles d’eau pure sillonnèrent ses grosses rondes joues rouges. Le nez aussi se mit à couler.

Elle regarda tristement son boulet : il s’était embelli de sept petits dessins coloriés-colorés et d’autant de messages d’amour.

 

Alors, POM-POM-POM sécha ses débordements lacrymaux avec le revers de sa manche de pyjama, du coude au poignet, en un long sniff....

 

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