Il a fait cinq trous en rond avec un bout de bois,
Le sixième au milieu,
Devinez dans quoi?
Une bouse de vache.

C'était en randonnée en haut d'un mont vosgien,
Ce petit garçon courant devant sa famille,
Plantant son baton dans la bouse,
M'a rappelé mon enfance.

Les bouses.

Fraiches,vertes foncées,fumant encore,
Fumet que j' aime à sentir à la campagne.

Sèches,gris clair,
Formant une plaque ronde,
Je les arrachai du sol,
Je découvrais au dessous un jardin de jeunes pousses,vert tendre.

Terreaux à pissenlits que ma grand mère cueillait.

Piste d' atterissage d'innombrables mouches,
Venues de nul-part et se délectant.

Petite, j'ai fait la même chose que se petit gars,
Une fois la croute craquante de la bouse percée on atteint l'onctuosité du dessous.

Cela m'a rappelé,
"Viens ma belle,viens!" à l'heure de la traite,
Et de loin je les voyais arriver,
Je criai fort avec ma tante,
Les vaches arrivaient,
J'avais l'impression de diriger quelque chose,
Miraculeusement,elles arrivaient,
Je me reculai,
Elles passaient résolues,
Je voyai leurs sabots dans la gadoue,
Laissant tomber leurs bouses,
"Spotch,potch,potch!!"
Elles atteignaient l'étable où en passant,elles pouvaient boire dans une auge en pierre,
Auge moussue et mystèrieuse,
Embouteillage garanti,
De l'étable s'échappaient et entraient les hirondelles,
Les mouches à vache leur fournissant un repas de choix,
Le foin était mis,la traite commencait,
Je recevai immanquablement une giclée de lait du pis d'une vache que ma grand-mère dirigeait vers moi,
Je vois encore ce bidon d'alu couvert d'un chiffon blanc pour filtrer le lait,
Tout le village arrivait avec son bidon,
C'était dix-sept heures, c'était "le lait",
Il y avait cette louche qui emplissait les bidons des villageois,
Quelques oeufs étaient proposés tout frais,
Petits trésors délicats.

Petit garçon,
Tu étais surement un petit gars de la campagne,
Est ce qu'on regarde encore les bouses de vaches?