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Igloo. par poete83

Igloo.

Quelle catastrophe ! Mon igloo commence à fondre.

Ma femme ne dit rien pour l’instant, mais parfois, en baissant les yeux, elle se plaint des courants d’air.

Je suis gêné et je passe mon temps à colmater les trous qui s’agrandissent mystérieusement.

Pourtant il fait toujours aussi froid et la température est même plus basse qu’avant.

J’ai l’impression que Lahitura, ma femme, tousse de plus en plus. Il ne faudrait pas qu’elle soit malade. Le médecin est si loin et coûte si cher. Je n’ai pas la tête à pêcher en ce moment et les quelques poissons que je vends au marché de Vantouva suffisent à peine à nous faire vivre.

Je l’aime tellement Lahitura ; elle est si jolie emmitouflée dans sa veste blanche en peau d’ours. Elle porte un bonnet un peu grand pour elle qui couvre tout son front et met en valeur ses petits yeux noirs perçants. C’est vrai que son nez est un peu large et rouge en ce moment, mais qu’importe, c’est la femme de ma vie. Je ne pourrai pas vivre sans elle. Je comprends qu’en ce moment, elle rechigne à faire l’amour, mais comment la blâmer, il fait si froid ici et baisser son pantalon est une épreuve pour elle.

Un matin elle s’est un peu révoltée en me disant que les igloos voisins ne fondaient pas eux ! C’est vrai, j’ai vérifié, leur glace est bien dure, lisse et sèche.

Lahitura n’est vraiment pas contente et elle m’a même dit que si je ne réparais pas l’igloo qui fondait, elle irait ailleurs, chez ses parents probablement qui ne comprennent pas pourquoi je ne fais rien pour assurer son confort. Pourtant je passe beaucoup de temps à boucher les trous qui réapparaissent sans raison quelques heures plus tard.

Ce que je crains de plus en plus maintenant, c’est que ma femme me quitte pour un autre plus riche que moi, avec un igloo bien solide et résistant.

Je vois bien que Yuratua, un célibataire qui vit à l’aise dans son grand igloo, lui fait les yeux doux.

Et voilà que Lahitura me lance un ultimatum : ou bien je répare notre petit toit de glace ou bien elle irait vivre chez Yuratua qui l’accueillerait à bras ouverts. Je n’aime pas Yuratua, je le trouve laid, ses yeux sont trop grands et clairs et son nez est trop fin et trop petit. En plus personne ne sait comment il gagne sa vie. On ne le voit jamais pêcher, ni vendre une quelconque marchandise. Alors moi, je travaille de plus en plus pour gagner davantage d’argent, pour éventuellement me construire un nouvel igloo.

Je m’absente de longues heures que je passe sur la glace, penché au dessus du trou que j’ai creusé et dans lequel je fais passer ma ligne. La malchance s’abat sur moi, la ligne s’est cassée et je suis obligé de retourner dans mon igloo pour la remplacer. A travers l’ouverture de l’entrée j’aperçois d’étranges lueurs qui dansent sous la glace. Ce que je vois alors me saisit d’effroi : Lahitura, ma femme adorée, tient dans sa main un briquet à essence et elle passe la flamme chaude sur les parois de l’igloo pour les faire fondre.

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Style : Nouvelle | Par poete83 | Voir tous ses textes | Visite : 622

Coup de cœur : 10 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : Karoloth

Ah les femmes! Tous les moyens sont bons. CdC.

pseudo : sylphide

A mon avis, elle a envie d'aller chez Yuratua! Pas très reconnaissante , quand-même... Elle ne mérite pas ton amour! J'ai bien aimé cette lecture fraîche.CDC

pseudo : poete83

Merci pour vos commentaires, Karoloth et sylphide.

pseudo : BAMBE

Je me suis régalée, au premier comme au second degré (au dessous de zéro) le sourire ne m'a pas quitté.CDCoeur