POM POM POM 8- La cigogne

 Bon c’est vrai, les ptits passereaux chantaient déjà.

Mais il était tôt matin et elle s’en allait, nez en l’air, orteils détendus par les sentiers de St Quentin. Ce qui était un vrai changement dans sa vie de parisienne. Ni bistrot. Ni resto. Ni métro. Mais des espaces ouverts verts jusqu’aux horizons.

De l’air. De la fraîcheur. Dans sa tête aussi. Mais si elle s’attendait à ça !!!!

Voilà t-il pas qu’au milieu d’un mini-champ, une cigogne venue d’on ne sait où, debout sur une patte, le profil tendu et l’autre patte en suspens comme pour lui serrer la main attendait là, figée de façon burlesque.

POM-POM-POM en eut le souffle court, suffocant de ne pouvoir partager ça avec personne !

Quelle chance ! Cette chance qu’elle avait ! Inouï !!!!!

Son corps se gela tandis que l’émotion rougissait le lobe de ses oreilles et que ses yeux écartelaient leurs cornées arcs-boutées à se déchirer...

L’oiseau, la comparant sans doute à un arbre, l’ignora, se détendit et fit ce qu’il avait à faire :

poser une fine patte rouge et aussitôt comme si le sol eut été brûlant retirer l’autre. Regarder alentour. Avancer toujours, droit devant. Piquer du bec dans la terre. S’arrêter. Suspendre son pas...

(POM-POM-POM ne respirait plus)... Reprendre, la démarche effilée et précise, sa petite tête haut perchée tout au bout d’un long long cou étiré tout cotonneux, de côté cour à côté jardin, avec une grâce et une élégance inénarrables...

Il s’immobilisa à nouveau, bec rouge en ailes noires...

POM-POM-POM ne voulait rien faire, rien penser même qui puisse donner au précieux volatile la moindre envie de déguerpir. Elle voulait de toute son âme que cet instant, par essence éphémère, dura dura encore et encore et toujours...

Certainement s’excita t-elle à l’évocation de ce souhait, peut-être même frémit-elle d’un cillement, car d’une pose tranquille qu’elle avait adoptée la cigogne disparut la seconde suivante.

Alors que POM-POM-POM se frottait encore les yeux, l’oiseau se transforma en une bouteille de Perrier volante et horizontale et qui s’éloignait....