POM POM POM 6-L'enfant-étoile
POM-POM-POM rentre au bercail. Il fait nuit. Il a plu mais il pleut plus. Elle regarde ses pieds. Ses pieds qui martèlent la route, qui connaissent la route, qui rentrent tout seuls à la maison.
Mécaniquement, dans un roulis bien huilé, comme sans effort...
Elle les regarde sans y penser. Ses pieds qui la font danser.
Autonomes, indépendants, fragiles et affreusement précieux.
Comme pour répondre du tac au tac à son pincement d’angoisse, sa cheville droite cligne d’un éclat de nerf.
Inconsciemment elle est en prière. L’espoir béant sous la lumière électro-jaune des réverbères. Son cœur est plus rapide que sa marche qu’elle a ample et soutenue. Ses yeux regardent ses pieds qui regardent la route. Cette cadence qui s’accélère, devient alerte, enlevée et régulière, parfois presque militaire à cause des talons qui claquent, c’est un rythme rejoignant celui du cœur.
Personne d’autre qu’elle n’est dehors. Elle résonne d’entre les bitumes humides parmi les foyers déjà éteints...morts peut-être ?De l’un à l’autre elle laisse une écharpe d’énergie, de jeunesse.
Son sillage est plein de projets rêvés et désirés, entretenus par sa pensée bouillonnante. Une onde. Des ailes l’épinglent et l’accélèrent encore. Parfois l’esprit réussit à maîtriser l’allant des pieds et imprime une suspension à tout le reste du corps.
Elle regarde ses pieds. Ils condensent toute son énergie. Certes le port de tête, le ballant des bras, la souplesse du bassin harmonisent et équilibrent cette avancée d’elle-même, mais le moteur, c’est les pieds !!!Ils sont les rênes de sa volonté et elle les vénère. Qu’ils s’allègent, freinent, glissent, râpent, claquent, courent ou dansent, ces petits pieds cornés chéris, qu’ils vivent !Ce sont ses ailes à elle...
Subitement elle trébuche, réalisant que grâce à la gravité et à cause de la direction de son regard, elle a le nez sur ses chaussures....Qui l’eut aperçue, tête baissée, l’eut crue en chagrin. Il n’en est rien. Elle a le feu aux tempes et une énergie phénoménale, toute pénétrée de l’idée de sa destinée.
Danser toujours, c’est le défi qu’elle se jeta cette nuit là !
Relevant son petit nez, qu’elle a fin et pointu, POM-POM-POM osa regarder le ciel, vers les étoiles, et projeta sous la voûte noire et profonde sa vision de la galaxie d’Andromède, dont elle ignorait la position.
Car là vit une autre POM-POM-POM. Toute semblable à elle-même.
Faisant et pensant chaque chose tout comme elle, en même temps qu’elle. Une sœur, une jumelle, un clone. Une belle et fidèle amie.
C’est au silence sidéral qu’elle confia sa joie, ses doutes et la détermination de toute sa vie.
C’est en l’autre POM-POM-POM, sa lointaine, sa semblable, qu’elle puisa toutes ses forces.
Danser, c’est un pari tenu à l’enfant-étoile.
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Nouvelle | Par yolli | Voir tous ses textes | Visite : 314
Coup de cœur : 7 / Technique : 7
Commentaires :
pseudo : Déméter
Je laisse venir ces petits plaisirs (pouquoi Posthumes ? ). Il semble y avoir des souvenirs très clairs des pensées de l'enfance, et du comportement d'alors. Je suis attachée à cette petite Pom-Pom-Pom...elle me fait penser à une petite élève ( que je n'ai jamais scotchée, ni attachée !). Car voilà ma seule réserve les enseignants ne sont pas-plus- (tous) comme ça ! ça déménageait dans les coins de jeux avec cette petite puce...mais elle savait aussi ranger ensuite et elle était si heureuse que sa mîtresse lui permette de donner libre cours à sa fantaisie ( en l'ayant à l'oeil pour stopper au bon moment? néanmoins). Savoir trouver les atouts des élèves...et gagner leur adhésion est un vrai bonheur.
pseudo : yolli
Posthumes...c'est parce que j'ai écrit ces petits textes en répondant à une question très intime et personnelle: " à quoi penserais-je à l'heure de ma mort, dans les dernières minutes de ma vie, à ces moments où l'on sait que notre vie se déroule par flashs en quelques secondes, les dernières..." Merci demeter pour votre commentaire et votre appréciation. Bien à vous!
Nombre de visites : 9160