A mon meilleur ami.

Eplorée.
Elle était éplorée. A genoux auprès de ce corps ensanglanté. Que n'aurait-elle pas donné pour qu'il revienne à la vie ?!
Non ! ça ne pouvait pas finir ainsi ! La vie n'avait pas pu être si cruelle ! Et pourtant si.
Ils allaient enfin atteindre leur but; après s'être tant couru après, ils s'étaient enfin trouvés, et paf ! La mort était venue s'immiscer entre eux.
C'était comme une coupure de courant cinq minutes avant la fin d'un film à suspens, comme une ultime carte qui fait s'écrouler tout un château. C'était injuste.

Sa magnifique robe blanche était à présent souillée de sang, un sang qui lui paraissait sien, car, à cet instant, elle se sentait vide, démunie, comme si c'était elle qui perdait l'essence de sa vie.
Ils avaient beau lui dire qu'elle ne devait pas rester là, qu'on allait s'occuper d'elle, qu'il fallait qu'elle rentre. Ils avaient beau lui demander si elle avait froid, si elle voulait boire, si elle voulait qu'on la ramène, qui il était pour elle. Tout ce qu'elle trouvait à dire, c'était son nom.
Elle n'avait pas le coeur gros, on aurait même dit que son coeur ne battait plus, qu'elle ne respirait plus. Les larmes ruisselaient le long de ses joues comme deux rivières calmes; et l'eau se mêlait au sang à ses genoux.

Chacun pouvait bien faire ce qu'il voulait d'elle, à présent; plus personne n'habitait son corps. Son âme était au pays des anges - avec lui. La vie pouvait bien l'emmener où elle voulait, dans les bras de n'importe qui. Plus rien n'avait d'importance. Tout s'était achevé à l'instant fatidique où la moto avait percuté l'arbre.