Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

Il ya toujours deux cotés... par aelina

Il ya toujours deux cotés...

Dans ma tête comme une ritournelle, sans cesse s’enchaine cette histoire, mon histoire.

 

Je me revois enfant, j’ai le souvenir d’un enfant un peu triste  en cette période, sans soucis pourtant. Je relis mes carnets intimes, je suis marquée par l’absence de fait et l’omniprésence de la nourriture. Dans cette surabondance de bouffe, je cherche le pourquoi. Envie de tendresse  dissimulée peut être ? Ou encore envie de se faire exploser ? Ou  tout simplement, l’envie de se nourrir en toute sérénité ? Je cherche, ne sais pas. Pourquoi…Etant enfant on se construit sous la gouverne d’adultes sensés agir pour notre sécurité, ado on fait des choix, adulte on assume et on fait d’autres choix. Bref, toute une vie où l’on se construit .Mais pourquoi ces choix de vie se révèlent-ils souvent à l’opposé de ce qu’on aurait dû faire ? Révèlent-ils seulement qui je suis intérieurement ?

.

Les pensées, les paroles que j’ai pu avoir, ne sont rien. Seuls les actes comptent.

 

Benjamin continue de marcher. Tout à ses pensées, il ne s’arrête que lorsqu’il atteint le bar et commande un diabolo menthe. Il a la dalle, mais il lui reste que 3 euros en poche et il est fidèle à son diabolo. Il s’assoit et plonge dans la méditation. Des petites bulles au fond qui finissent toujours par remonter vers la surface. Il a toujours peur pour elles, car arrivées enfin en haut elles explosent. Lui seul le sait et cela lui donne une  certaine complicité avec elles. Des fois il aimerait leur dire : « non ne remontez pas ! Vous allez exploser ! ». Mais ces furibondes pensez-vous qu’elles écouteraient ? Non elles montent, montent toujours vite, toujours fort. Il continue de tourner sa limonade avec sa paille. Il continue de réfléchir.

 

La première femme avec qui j’ai couché a été ma toute première copine,  j’avais dix huit ans. Cela s’est fait lors d’une soirée. Je ne la connaissais même pas, ni de nom, ni d’autres choses. Elle a été la première.

 J’étais, comme on dit dans certains milieux à voile et à vapeur, je continuais dans la déchéance. Le premier mec avec qui je suis sorti, s’est foutu de moi. Il n’avait aucun respect pour la personne que j’étais. Il m’a largué. Puis il y a eu cet autre, très bien peu bavard, aimable comme une couverture en prison. Et il baisait comme un dieu. On baisait on ne faisait pas l’amour. Il y a une nuance. La nuance fût sans doute le fragment qui déchire. On ne se connaissait pas vraiment. Bref, il m’a largué. Puis, ce fût l’apothéose de la misère, un vrai Don Jon. Un homme de 42 ans, avec lequel j’avais habité au bout de trois mois. Très bien, cet homme en apparence, mais dès qu’on approfondissait un peu, se révélait un homme, selon moi, épris de lui-même, dur, sans aucun sens de la psychologie voire même de sens commun. On a finit par nous engueuler… pour tout. Nous ne nous sommes jamais frappés mais parfois les coups volaient dans les tables et les murs sans oublier que la violence des mots peut parfois être plus forte que celle des coups. Je m’écrasais. Je le cernais globalement, mais ne pouvais aller contre. Cependant envers et contre tout, peut être même ma propre nature, je voulais devenir éducateur spécialisé, « Monsieur Chef » évidement n’est pas d’accord, ni même que je continue à voir mes amis…  éducateur. C’était le rêve de ma vie. Je refusais de jeter le bébé avec l’eau du bain. Je décide de le larguer. Au bout d’une semaine je reviendrais avec lui et ensuite je me ferais larguer pour de bon. Mais pensais-je pourquoi suis-je si faible ?

 

La faiblesse et la force ne sont qu’une et même entité. Benjamin le comprendra plus tard. Néanmoins à 21 ans à la louche, Benjamin n’est plus qu’une loque, un déchet humain. Il ne dort pratiquement plus la nuit, depuis quelques mois il se fait jeter  de tous ses boulots car n’arrivait plus à assurer. Revenu vivre chez ses parents rien ne va plus.

A cette époque il commence à entendre des voix. Mais il n’y prend pas garde, c’était juste des impressions d’entendre son prénom en boite de nuits ou dans les grands magasins.

 

Un soir comme étant enfant. Je pensais, réfléchissant sur ma vie ce quelle m’avais appris et je me promis : plus jamais ça. J’allais avoir ma vengeance sur moi-même. Il le fallait. C’est à cette époque que je m’inscris au cours de préparation au concours d’éducateur spécialisé. Je ne dormais pas beaucoup la nuit (3/4 heures). Je pris un appart. Et continuais ma reconstruction : aller en cours,  se faire à manger, prendre une douche…Chaque petit pas était un effort considérable et je devais sans cesse me rappeler pourquoi je le faisais. Par exemple : prendre une douche. On se lave, sinon on est sale et les bactéries se multiplient, parler aux gens, prendre de leurs nouvelles s’intéresser à autres choses que ses propres problèmes…Chaque jour je gagnais du terrain, personne ne se rendait compte à quel point j’étais descendu  bas. Je m’inscrivis à plusieurs concours car il faut passer un concours d’entrée,  pour pouvoir être admis dans l’école. J’eu un examen.

 

Les voix s’étaient tues, j’allais mieux. Je m’étais même fait des amis lors du concours. Plus rien ne pouvait m’empêcher d’avancer. Je louais donc un appartement à Paris, un studio de vingt mètres carré, Je commençais les cours. Je reprenais confiance en moi. Les cours étaient géniaux et les profs intéressants, pédagogues, connaissant leur domaine, ouverts d’esprit…

 

Mais coups de théâtre pour moi, Alors que je commençais à vraiment men sortir, un mois et demi après ma rentrée. Les voix reprirent le dessus. Je me remis à ne plus dormir la nuit, déambulant dans Paris. Je continuais à parler avec tout le monde que je rencontrais mais j’avais de plus en plus de mal à fixer une attention sur leur conversation De curieuses idées fixes, comme de devoir sauter de la tour Eiffel pour pouvoir me transformer en ange ou en démon, m’assaillaient. Chaque moment, chaque acte, me poussait à avoir une nouvelle idée délirante. Je quittais mon école adorée car je pensais que les profs étaient des démons qui voulaient ma mort. Voyant cet arrêt de formation, mes parents me reprirent chez eux. Pendant tout le trajet de retour vers la maison, je cherchais un pont pour sauter avec de l'eau ou des bosquets car je ne voulais pas me faire de mal. Une certaine logique venue dont ne sais où me priait de faire attention à ma sécurité et à celle des autres. Parfois une question m’assaillait que suis en train de faire ? Mais c’était plus fort que moi mes divagations me reprenaient deux secondes après.

 

Arrivé. Je me remis à faire des démarches pour trouver un emploi mais ça n’avançait pas. Je restais plusieurs minutes devant le panneau des horaires des  ASSEDIC sans en comprendre le sens. La nuit, lassé de tout cela je voulu repartir à Paris à 6 heures du matin, en pyjama, sans papiers, car je sentais mon autonomie m’échapper et je voulais la retenir. C’est à ce moment là que mes parents appelèrent un médecin et la prochaine étape de mon parcours sera l’hôpital psychiatrique. Je ferai une tentative de suicide arrivé là-bas, car je ne comprenais plus rien, et les idées délirantes me disaient que pour comprendre il fallait que je me tue. Une infirmière arrivera juste à temps et  me conduira en cellule d’isolement. C’est une chambre avec juste un matelas par terre et une couverture un seau pour faire ses besoins. On augmentera mon traitement car j’entendrais toujours des voix et je ne dormais pas. Et 4 jours après je sortirais de la chambre d’isolement pour aller en pavillon surveillé et ensuite j’irais dans un pavillon ouvert.

 

3 ans,3 ans à ne rien faire,3 ans à vivre moitié à l’hôpital de jour, à moitié à la maison.3 ans pour réapprendre à arrêter de dormir tout le temps, à pouvoir se concentrer sur un jeu, à pouvoir parler, se vider de ce trop plein de folie pure qui m’avait absorbé.3ans, de rencontres de personnes cassées par la vie, accepter la faiblesse et la force de l’autre, pour s’accepter tel que l’on est et voir au delà. S’accrocher aux bonnes vieilles idées de son enfance comme quoi, toute personne malgré ses difficultés, a ses capacités et peut avancer. Au quotidien se raccrocher à son entourage : famille, amis, toute personne rencontrée au hasard de la vie, personnel de l’hôpital de jour (malgré les disfonctionnements interne de celui-ci, mais c’est un autre sujet.)  Curieusement après avoir frôlé la mort je ne mettais jamais senti aussi vivant en tentant de prouver aux autres, et à moi-même surement, que je pourrais revivre avec la maladie malgré les difficultés.

 

Alors vu que les voix perduraient, que je ne percevais aucune indemnité financière, que je n’arrivais plus à travailler 8 heures sans revenir à la maison en tremblant et ne marchant plus droit. Je fus déclaré travailleur handicapé. Ma psychiatre me déclara après un an de parlementé- temps de contestation ou je réclamais de savoir quelle maladie j’avais et elle refusant de me le dire- que j’étais schizophrène.

 

Heureusement il existe quelques organismes qui aident les personnes handicapées. L'un deux me poussera  à reprendre une formation afin de me réorienter. Je la ferais et à l’issue et malgré les difficultés. J’obtiendrais mon diplôme et ouvrirais ma boite de cordonnerie.

Apres 4 ans de célibat et d’échecs sentimentaux je découvrirais la femme de ma vie Céline. J’ai avec elle une relation d’échanges sains, nous sommes sur un même pied d’égalité et plein d’amour fougueux. Elle est bisexuelle comme moi et sur ce plan sexuel nous nous entendons à merveille.

 

Alors si j’ai réussi ma vie en pensant d’abord à moi-même, et ensuite aux autres, en réalisant les bienfaits qu’il ya à s’autoriser d’être soi devant les autres, en acceptant la faiblesse à l’égale de la force, en vivant d’une manière plus autonome, moins destructrice.. J’ai ma revanche. Je ne laisse plus passer le temps, je ne zappe plus allégrement. Je vis le moment présent. Et vous ?

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Poème | Par aelina | Voir tous ses textes | Visite : 385

Coup de cœur : 12 / Technique : 8

Commentaires :