Le Papillon...

Une beauté vouée à perdre sa substance d'un seul coup de vent.

Une beauté déjà éteinte, la subsistance d'un passé en devenir.

Chez les Indiens d'Amérique du Nord, le papillon symbolise tout ce qui reste de la belle saison. Toutes les beautés du printemps et de l'été ont été capturées dans ses écailles.

La précision, l'exactitude de la calligraphie.

Une incision à fleur de peau. Un acte d'écriture primitive, un acte à son état le plus pur.

Le papillon serait un Mandala que son créateur aurait laissé s'échapper, symbole de sérénité et de patience.

S'envole un papillon, telle une âme se libérant de son enveloppe physique, n'ayant plus de retenue, plus d'attaches, plus d'hôte.

L'éphémère du papillon ne réside pas seulement dans son état d'être, mais dans son enveloppe polychrome.

Un kaléidoscope de couleurs qui s'effritent en poudre à l'instant où l'on désire se l'approprier.

L'ephêmeros et le perennis.

La pérennité de l'œuvre d'art réside justement dans cet éphémère jaillissement de couleurs, résultat d'un dépassement de soi, d'un dépassement au-delà de soi-même.

Oeuvre unique, participant d'une création à l'échelle de la nature.

mars 2005