19 Avril 1989, date perdue au milieu de nulle part, égarée parmi les lointains nuages dispersés par une matinée de printemps.

Des larmes de joies, des cris de terreurs, des pourquoi, des questions sans réponses, des regards épanouis, voilà ce qui m’attendait à la sortie, la liberté.

Délivrée d’un corps, souvent sans vie, et pourtant cette fois, elle était là, sourire au coin des lèvres, larmes ruisselantes,  doucement sur sa peau douce, qui enrobait autrefois mon corps.

Elle était mon enveloppe, ma protection, mon écoute, ma parole, elle était moi.

Elle m’a aidée à grandir, à me former, et me donner chaque jour la preuve qu’un seul de mes membres me serait utile tout une vie, que sans lui, jamais je ne serais comme les autres.

Elle m’a expliqué la différence, m’a parler des heures durant, pour que jamais je n’aie se sentiment d’inconfort ou d’incompréhension, pour que jamais je ne me sente seule, perdue dans ce monde.

J’en ai traversé des étapes dans la vie pour en arriver ici, pour être moi,… Simplement unique, parce que jamais, vous ne rencontrerez quelqu’un qui est comme vous, il y aura des ressemblances, certainement, par le physique, par la volonté, par la réflexion, mais jamais il n’y aura un moi, quelqu’un d’identique.

Et pourtant, je suis là bien vivante, j’apprends jour après jour, j’ai fait mes premiers pas, je marche, une première étape de la vie, celle qui vous servira toute une existence, qui vous donnera la liberté, le sentiment de pouvoir être seule, sans personne à devoir appeler en cas de chute, celle qui vous donnera des ailes malgré le faite que vous n’en avez pas. Un pas, c’est une vie, c’est la force qui vous porte.

Et doucement la pente qui précédemment m’attirait vers le bas, en cas de chute, et me rattrapait sur un coussin de plume, c’est changée en une montée, dure à souhait !

C’est vrai ! Je marchais, et encore aujourd’hui ! Mais le plus dur était à venir, j’allais devoir faire mes preuves et arrêter avec ma langue, celle que moi seule comprenais, il fallait petit à petit que je fasse mes preuves, et qu’un jour je puisse sortir de ma bouche, un mot,… Un seul !

Il ne fût pas maman, ni papa, UZIK, le voici celui qui m’a transporté de là où j’étais, jusqu’ici. Quel beau mot qu’est musique ! Il est de toutes les nationalités, et grâce à elle, également, tous les sentiments seront publiés. Elle nous expliquera la terreur, la religion, l’amour, la tristesse, la tendresse, les sentiments, l’infini…Car l’infini est aussi un des plus beaux mots de cette vie ! Grâce à lui, le rêve est permis, et le rêve c’est ma vie !

Rêver c’est tellement, beau mais tellement rare… On voudrait parfois décrocher la lune, offrir son cœur à une lueur éternelle, et pourtant la douceur de l’enveloppe charnelle n’est jamais là pour nous aimer, alors on rêve, et les couleurs reviennent. Doucement, peu à peu, on se crée une place dans un univers à part, on marche, on avance, on parle, difficilement, mais l’on arrive à se faire comprendre…

J’ai appris mes premières notes de musiques, mais j’ai tout oublié, do ré mi, sans cesse, et pourtant rien n’est resté, la liberté que m’offrait ses moments c’est en allée sans que je m’en aperçoive, les années ont passé, et j’en suis toujours là, à tapoter de temps en temps sur les touches d’un clavier, qui ne donne plus le même son qu’auparavant, désaccordé par la poussière, un son cassé en sort maintenant.

Et j’ai grandi, un peu,… La musique me suis toujours, et je commence à bouger dessus, les compétitions s’enchaineront petit à petit, en gymnastique, en natation, en danse, avec toujours un seul but ! Faire du mieux que je peux.

Quelques chutes, et tous mes rêves tombent à l’eau, adieu l’armée, l’équitation qui m’est interdite, mais pourquoi enlevé à un enfant la passion qui le pousse à aller plus loin ? On a voulu le faire avec moi, mais l’amour était plus fort que la raison, et le couple cavalier monture est toujours présent à l’heure d’aujourd’hui.

Jusqu’au jour, où mon cœur se brisera en deux… Mon père part, plus de nouvelles, des questions sans réponses, à ce demander si en faite un jour il m’a vraiment aimée, s’il m’a un jour considérée comme sa propre enfant. Un mariage, un enfant de plus, que je n’ai vu que trois fois depuis sa naissance, des mots oubliés, égaré que j’aimerai de temps en temps entendre, et pourtant il n’est plus là…

Près de moi, je sens le vide, mon ombre qui me suis, avec dans la main, rien ! Seulement la peur, d’être une fois de plus laissée sur le côté. Peur d’être trahie une fois de plus, injuriée pour rien, peur encore d’être perdue dans un monde et je n’ai pas encore trouvé ma place…

Alors je me cache, sous cette carapace qu’est là mienne, je m’efface d’une existence qui logiquement devrait me fasciner, je m’enfonce et j’écris, sens cesse, j’écris encore et encore, jusqu’à ce que ma peine s’envole, qu’elle parte plus loin, et vienne me rendre visite un autre jour. Lettre après lettre, mot après mot, phrase après phrase, je fais mes textes, tantôt long, tantôt, fascinant, hallucinant, et pompant, mais je me lâche.

Et je retourne dans ma timidité, dans cette peur de me dévoiler, j’avance sur un sol douteux, j’avance sur l’eau, sur ce qui glisse, j’avance sur un terrain dangereux, celui de ne pas encore m’accepter telle que je suis. Avec un père que je haïs, avec un côté de ma famille qui me renie, avec une sœur que je connais à peine… Et avec celle qui est mon exemple.

Puis autour de ça je me construis ma famille, je mets les briques petit à petit, mais j’en oublie les joins pour que ca tienne, et un jour, le mur s’effondrera, je le sais, mais mieux vaut ne pas y penser. Alors j’avance et je me replie dans ceux qui ne m’ont jamais fait de mal, les animaux, eux ils ne savent pas parler, et je leur laisse leur chance.