L’amitié. C'est un joli mot. Cela fait bien longtemps que je ne l'aie plus entendu. Il sonne bien, vraiment, j'aime ce mot. Ce qu'il y a de génial avec ce mot, c'est que ce n'est pas qu'un mot. J'apprendrai à l'écrire, j'en connais déjà le sens, avec tout ce que cela peut impliquer. Quand on retourne le mot, il n'a plus vraiment la même sonorité. Éitima, c'est assez violent à prononcer. Ça mord, ça finit la bouche ouverte, frustré d'avoir dû s'y reprendre à deux fois pour réussir à le prononcer. Je n'aime pas les mots retournés mais celui-ci me déplaît plus qu'un autre quand il n'est plus lui-même. J'ai brisé tous les miroirs de mon espace pour ne plus le lire à l'envers, du coup, je n'ai plus la lumière. Imagine-toi dans une pièce, une grande pièce, pas une salle de bain, avec beaucoup de miroirs. Sur les murs, au sol, au plafond, et une seule fenêtre. Si cette pièce est si bien éclairée, c'est parce que la lumière se propage grâce aux miroirs qui la reflètent, ils se la renvoient sans cesse et on dirait que la pièce se trouve dans les nuages, au plus près du Soleil. Puis tu écris, et tu lis. Mais à un moment, ton regard se pose sur ce mot dans le miroir. Tu le lis, et il sonne tellement mal, tellement faux que tu ne veux plus le voir. C'est vraiment trop laid, ça fait mal à voir, à lire, à prononcer alors pour ne plus le relire, tu brises tous les miroirs. Mais alors tu te retrouves dans le noir. Il n'y a plus que cette petite fenêtre et son rayon de lumière qui dort. Quand il fait nuit, c'est un rayon de Lune, quand la Lune est là. Je n'ai plus ni Lune, ni miroirs, il fait nuit dans ma pièce et je me coupe sur les tessons.
Une nuit où je saignais sur mes tessons, une étoile est apparue. Elle a écrit ce mot avec toute sa bienveillance scintillante. Elle l’a écrit à l’endroit, dans le bon sens. Ce sens est peut-être le mien. S'il est simple, il lui ressemble au moins. Petite étoile, tu m'as donné envie d'installer un miroir, même si c'est surprenant de la part d'une étoile. Sa construction prendra du temps, mais il n'en sera que plus joliment orné, plus poli, plus luisant. À l'image de ce mot.


Vous vous en doutez, ce texte est autobiographique. Je le dédie à miss Rouge, une petite étoile. J’ai écrit le brouillon de ce texte il y a un an, sur la Machine Sans Nom.