Comédie dramatique
A mes compagnes de vers
Elyse, Denise…
Isabelle ( !)
A ceux qui subissent mes vers
A ma famille, à
Mes amis…
A ceux qui, d’avoir lu trop vite ou de travers, ont manqué le plaisir d’en saisir la lecture, plaisir de la conscience pour elle-même et délice égoïste… Cet infini plaisir…
A ceux encore qui ne comprennent rien au vers –vous qui faîtes naître et briller tant d’espoir- contre ceux qui pensent tout comprendre.
A ceux qui essaient
« Beaucoup porte la lyre, pour si peu d’Apollon ! »
GARDIA ( !)
A louis Latourre, le poète ardéchois je dédie la page 77 ( !)
Ainsi qu’aux folles âmes du Léthé
-Dormantes- L’œil morne et vide
Puissent-elles dés l’été
Se délecter !
Des frêles vers d’Ovide :
ore legar populi, perque omnia saecula fama,
siquid habent veri vatum praesagia, vivam . *
Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.
-P. Verlaine-
* : « Je serai lu par tous, reconnu à travers les siècles, Et si les pressentiments des poètes se réalisent, je vivrai. »
ACTE I scène 1
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune
On croirait voir vivre
Et mourir la lune
-P. Verlaine-
JUNON
Serais-je assez puissante et patiente, en ces lieux
Où passent en puant tous les plus mauvais Dieux
Pour agir, pour fléchir, cette régence obscène,
Et pour pourrir enfin cette faim trop malsaine ?
Hélas, rêver, songer, c'est chasser la raison
Le rêve est comme un vent qui fuirait sa maison !
Il rafraichit la chair, il jaillit sur la joue,
Mais c'est surtout au cœur que ce singe là joue !
Ô toi lune blessante et toi rocher, maudits !
C'est toi changeant le toit de ce ciel : en taudis !
Je veux la chair, rocher, du masque des mensonges
Tu hantes toutes nuits, hôte toi de mes songes !
Rire malin du mal, heureux d'être malsain
Etirant de ses traits, ton sein, ton cruel sein
Et tirant de son sein du lait fait de folie
Tu fêles ta poitrine... elle traine amollie !
Elle abreuve un poison de rêve mensonger
Qui voudra me ronger, qu'il me faudra songer !
Tétons laids tout riants à nos gorges émues
Tu nous égorgeras d'un sein que tu remues
Mon corps repu tu veux qu'a ton corps corrompu
Je tête à ton téton le dur lait de ton pu !
Sans cesse elle dansait au dessus d'un sol ivre
La seule saleté que ta bouche délivre
Le rictus de Sélène -accident de ce ciel-
Celle dont la haine est : un rire démentiel !
Sans cesse j'y voyais de lugubres phalènes
Portant ton vil augure et tes libres halènes
Ô, feu de sang, de cendre au sang de toi, d'œillet !
J'ai vu les jours se pendre et toi qui t'endeuillait
Cocyte et Phlégéton ! Du feu forgé de larmes
Serait-ce au même feu que se forgent tes charmes?
Serait-ce au même feu que sans effort mon fer
Se ravive et se fond... me fait vivre un enfer ?
Percerais-je d'un sort ces étranges mystères
Que ce voile m'étreint ! Qu'il m'entraine en mes terres
Et m'enterre au plus près de mes dangereux vœux
Je veux ta mort, Rocher ! Je hais … J'hurle … Je veux !
Où rien n'éteint mon cœur atteint, et même l'arme
Frappé d'une eau fatale et d'une intime larme !
Où mes eaux vont mouiller mes secrètes prisons
Sœur de ruse.
Lilith ! Je crains les horizons !
Mon visage est trop plein de tes prisons secrètes
Qu'attise le tison d'un feu que tu sécrètes
Si mon corps flatte un feu, le sanglot sans effet,
Ravive encore un flot contre mon cœur défait
Mon âme vole alors, mais d’une humeur de folle
Mon âme folle est ivre, et vrille, et brille, et vole !
D’un parfum féminin si finement félin
Dans le claquement calme et sombre du vélin
Front, tout de moi s’immole informe comme l’âme
Nos ombres aux bûcher parfum dans une flamme
Teinté de bronze, ou d’or discrètement rouillé
(elle gémit)
Je discerne en ce cri du sombre et du souillé !
De l’inféconde nuit cette lune ravie
L’horizon noir, Lilith, des confins de ma vie !
Des secrets de mon être il ne reste qu’un fond
Il s’y creuse en ce corps, se tord et s’y confond
Comme un silence craint au cœur de la tempête !
Serais-je, sourde aux mots dont l’écho se répète,
Cette folle influence ? Enflant de mes las maux
Quelques mots sous le vent soulevant les rameaux
Serais-je émue ? Une âme, au ciel qui gronde et glane
Au flanc de cet orage, une femme qui flâne
Qui plane auprès d’un feu de son brûlant aspect
De son étrange pas ( n’était-il pas suspect ?)
C’était moi ! Pauvre Moi qui se sentait profane
Et plus coupable encor qu’une flamme qui fane
Je n’étais plus qu’humaine –ou comme un animal-
Je me sentais la bête et j’en étais le mal !
Je suis sous le ciel et d'un souffle m'efface !
De la nuit je n'attends qu'un tremblement défasse
Vain rêve et maint désir aux froids chuchotements !
S' élève des aigreurs et de blancs ossements,
Une si brève nuit qu'une suite de sèves
Me suis soudainement par de plus saintes fèves,
Ne pressons pas tes grains… sinon qu'à fleur de reins !
Que n'effleure ma chair les doux grains souverains !
Qu'aux fin morceaux de peau la face délicate,
Facétie infinie, en fine perle éclate !
C'est ici, sur mes reins, que es grains sont moins gris
Et que s'offrent au sol noir tous ces soirs aigris,
Si fragile est ce grain que son agile germe
Prend soin du fin tissu tapissé par son derme !
C'est ici que ton voile est si sombre et si fort…
C'est ici que je cesse un difficile effort…
Qu'Hadès incandescent, de ces décentes reines,
Les descend se soumettre aux rires des arènes :
_Je ne sens en mon cœur qu'un supplice léger !
Du délice, un peu plus, bientôt désagrégé,
Dans cet étau se craint, ni se tait ni s'éreinte,
Sécrète et prête écho, qu'une secrète plainte ;
Le mal vif ! Le grain soul ! Cette lèche de sang
Coule à terre un parfum que le sable ressent
Que l'argile fragile offre au vent du passage .
Une tempête nait mais dans un germe sage
Prés d'argile élargie et de vents en combat
Dans l'abime ébahi ce combat retomba
Je me blesse plus tôt du couteau qui m'infecte
Douleur…Inflige-moi ! – Que moi je m'en délecte ! –
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Style : Poème | Par fantomiald | Voir tous ses textes | Visite : 738
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Commentaires :
pseudo : BAMBE
Quelles tirades, quelle prouesse littéraire! j'en ai le souffle coupé et reste admirative.
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