Je m’engageais rapidement dans une ruelle, essoufflée, haletante, suivie par une bande de djeuns dégénérés, avides, bavants de suffisance, crapules excitées et euphoriques qui me collaient les talons. La ruelle s’affinait plus encore, plus loin elle serpentait puis amorçait une descente. Transie d’incertitude quant à mon avenir proche, suante et les poils au garde-à-vous, je n’avais d’autre choix que de continuer tout en espérant avoir plus d’endurance que ces fous lancés à fond derrière moi telles des flèches empoisonnées. La pente nous accéléra tous également et je sentis un souffle chaud dans ma nuque, près, très près, trop près, c’est sûr j’étais foutue...

Lorsque une puanteur fétide d’haleine mal embouchée me certifia que j’étais déjà morte ou même pire, mes talons se soulevèrent , mes ischio-jambiers se tendirent, mon buste se projeta tellement vers l’avant cherchant à entraîner mes jambes plus vite, plus vite, j’aurai juré que des ailes soulevèrent mes talons, et la tête aspirée vers le ciel, je décollai à la verticale ... Une vermine crachotante d’indignation sortit ses griffes pour me saisir, le cul encore lourd, je pris une inspiration et amorçai une brasse comme si j’étais dans l’eau... Aussi sidérant que cela puisse paraître, je me mis à nager, en l’air...Je les vis écarquiller des yeux plus furibonds qu’étonnés, ce qui me rendit toute mon audace et les survolant 3 m au-dessus de leurs têtes, je partis loin, vers les cimes arbrues sans demander mon reste... je les avais semés, je volais, j’étais incroyablement estomaquée et heureuse ; quelques personnes me montrant encore du doigt, je parvins à me dissimuler juste sous un nid de ramier...